Appolonie Ngono, blogueuse vidéo, a récemment été convoquée par la police pour avoir dénoncé l’insalubrité dans la ville de Yaoundé, notamment à travers les carences dans la collecte des ordures ménagères. Pourtant, nous avons des yeux pour voir.

Les Chroniques du jeudi : L'inoubliable balayeur de rues et les regrettables caciques du régime...

Cette anecdote nous renvoie à Martin Luther King qui lors de son adresse à des étudiants qui terminaient leurs études, leur donnait des conseils sur les priorités de vie. L’un de ces conseils était l’excellence : Ils devaient avoir en tête d’être excellent en tout. Comme ce balayeur des rues dont la postérité se souviendrait en passant dans les rues où il aura exercé. Lectrices, lecteurs, ce balayeur de rue et cet incident avec les ordures sont un rappel nécessaire sur le fait que l’excellence en toute chose sera nécessaire à la Renaissance du Cameroun. Elle est hélas également un rappel sur le fait que les gouvernants actuels n’ont pas et n’auront pas l’excellence comme critère de pilotage et ne nous conduiront jamais que dans l’abîme. C’est ce dont la suite de l’article discutera…

https://youtu.be/ZmtOGXreTOU?t=

https://youtu.be/ZmtOGXreTOU?t=

C’est quoi « être excellent » ? MLK propose deux définitions : D’une part aucun humain ayant vécu, vivant ou amené à vivre ne peut faire l’action mieux que nous. D’autre part, les humains, en regardant votre production doivent témoigner du fait que vous avez bien effectué votre travail. Ces deux conceptions peuvent sembler différentes. Elles ne le sont pas. En effet, si la première peut sembler inaccessible, voire injuste, la seconde semble plus atteignable. Dans un cas, on est dans le superlatif (le meilleur de tous). Dans l’autre cas, nous somme dans l’objectif (bon boulot).

Avec le progrès technologique, les solutions pour balayer les rues ont bien évolué depuis 1964. Ne serait-il pas injuste de comparer le balayer de rues de l’époque de MLK avec ce qui est possible aujourd’hui ? De même, ne serait-il pas injuste de comparer la puissance de frappe de Cristiano Ronaldo avec celle de Pelé, alors même que les ballons, les chaussures et les techniques ont significativement évolué. Peut on dire que Pelé n’était pas excellent. Si ! On le peut si on tient compte des différences d’environnement ou de contraintes. On peut alors affirmer qu’on est excellent quand on fait le maximum de ce qui est possible étant donnés les contraintes et le contexte. Ceci est valable pour les individus, et pour les pays. Quelle est la façon la plus simple de vérifier si toute chose égale par ailleurs, personne ne peut faire mieux que moi ? De me comparer à d’autres qui sont dans ma situation. Je ne peux pas dire que je suis excellent si je ne suis que 10ème de ma classe qui compte 15 élèves. Les autres seraient quoi ?

C’est ce que nous allons faire en comparant le Cameroun à d’autres pays africains : Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana, Mali, Nigéria, RDC, Sénégal et Tchad. Cette comparaison se fera à travers un certain nombre de critères économiques, de niveau d’infrastructures, d’éducation et de santé.  Les sources de données sont ici, ici, ici et ici.

La première image montre l’évolution du PIB/habitant de ces pays. On y a rajouté le meilleur pays Africain du classement. Ce sera également le cas pour les autres critères. On note que le Cameroun est dans le milieu du classement. Cela se voit mieux en faisant un focus en enlevant le meilleur pays et le Gabon.

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La seconde image montre l’évolution de l’indice de développement humain (IDH). On peut également y voir celle de l’indice de corruption. Dans les deux cas, le Cameroun est milieu ou bas de tableau.

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La troisième image montre un classement de la qualité des infrastructures routières et l’évolution du taux d’alphabétisation. Mêmes conclusions.

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La quatrième image porte sur les accès à l’eau potable et à l’électricité. Le Cameroun ne figure dans aucun peloton de tête sur ces critères.

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La cinquième image aborde les aspects santé. On peut y voir l’évolution de l’espérance de vie (y compris avec un zoom sans le meilleur pays africain pour mieux voir les écarts), ainsi que le nombre de médecins par milliers d’habitants. Je suis contraint de me répéter.

Les Chroniques du jeudi : L'inoubliable balayeur de rues et les regrettables caciques du régime...

La sixième image et dernière image parle de la mortalité infantile (moins de 5 ans) et la mortalité maternelle en couche. Le Cameroun est dans le milieu du pack. A noter les efforts notables du Sénégal.

Les Chroniques du jeudi : L'inoubliable balayeur de rues et les regrettables caciques du régime...

En conclusion de ces comparaisons, personne ne peut dire en quoi le Cameroun est excellent. On peut même affirmer que sur bon nombre de ces critères, le Cameroun régresse dans l’absolu, et quasiment tout le temps, régresse en relatif par rapport aux pays comparables (Côte d’Ivoire, Ghana, Sénégal). Les tendances ne sont pas favorables.

Ls observateurs peuvent se demander si quelque chose est fait pour inverser la tendance. Je pense que non, tant il est vrai que nous continuons de faire exactement ce qu’il faut faire quand on NE VEUT PAS ÊTRE EXCELLENT : Accuser les autres et le sort (Guerre en Ukraine, Guerre en Palestine), se défausser sur les subalternes, ne pas fixer de cap, ne pas mesurer les avancées, ne pas rectifier et ne pas sanctionner, se comparer aux mauvais. Les actes récents de M. Biya en sont un florilège, notamment son adresse à la nation le 31/12 dernier. Tenez ce passage savoureux en introduction où il parle de « contraintes internes ». En Interne, ça ne saurait être des contraintes, mais des points à résoudre. Et cela fait trop longtemps qu’ils ne sont pas résolus.

Vous l’aurez compris, la trajectoire du Cameroun n’est pas bonne. Elle est du fait de nos regrettables dirigeants. Regrettables, non pas parce qu’on les regrettera, mais par ce qu’on ne les aurait pas souhaités. Au contraire de l’inoubliable balayeur de rues. Il ne tient qu’à nous de changer cela. Pour ma part, c’est en choisissant le MRC et M. Kamto…

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