Les Chronique du Jeudi: Le MRC a une vision qui va changer le Cameroun...
04 avr. 2024« Qui paie, commande ». Cette phrase indique que celui qui décide de ce que l’on fait, est celui-là qui paie. Par extension, il vient que ce que l’on paie indique ce que l’on veut. Cette extension est nécessaire quand il s’agit du Cameroun parce qu’il est difficile de voir quelle politique, avec quelle cohérence y est appliquée. L’analyse de la loi des finances, votée en décembre 2023 et qui indique ce qui va être payé, et donc ce qui est voulu par l’actuel gouvernement nous éclairera sur les priorités du gouvernement. Par contraste, nous verrons la vision politique portée par le MRC. Et surtout, nous verrons son caractère immédiatement applicable…
Ne parlons pas de gabegie, bien qu’elle existe. Ne parlons pas de corruption, bien qu’elle existe. Ne parlons pas de népotisme, bien qu’il existe. Parlons de politique. Quelle est la politique que le régime RDPC souhaite suivre ? Le RDPC n’a pas de vision politique. C’est une affirmation, certes. Mais c’est une affirmation étayée. Quel lecteur, quelle lectrice saurait nous dire ce que le RDPC souhaite faire de l’éducation au Cameroun ? Quelle est la stratégie sur l’industrialisation ? Quelle est la politique fiscale ? A quelles fins ? Quelle agriculture souhaite-t-on ? Il n’y a pas de réponse.
Ce qui s’en rapproche le plus sera le livre « Pour un libéralisme communautaire » qui date de 1988 et qui n’a jamais été appliqué. Ou encore le DSCE (Document Stratégique pour la Croissance et l’Emploi) qui date de la fin des années 2000 et qui promet l’émergence en 2035. Dès sa sortie, la réalité ne respectait déjà plus « le plan ». Ou encore les discours du chef de l’Etat (deux par an) où il semble toujours s’étonner de la situation, annoncer des chiffres qui ne correspondent pas à la réalité et promettre les mêmes choses encore et encore.
Pas de boussole, signifie que l’on agit par à-coup, sous la pression de décisions d’organismes internationaux (qui eux ont une politique) ou à la merci de technocrates ou encore à la merci d’intérêts privés. Laissons-leur quand même le bénéfice du doute et imaginons que la Loi des Finances est le reflet de la politique poursuivie. Quand on dispose d’une somme que l’on doit dépenser, les choix de dépense que l’on fait disent tout de nos objectifs, intérêts, motivations et futures réalisations. Celui qui commence par épargner 30% de ses revenus pour sa maison n’est pas comme celui qui commence par aller en boite de nuit aussitôt sa paie reçue. Aucun des deux n’a besoin de parler pour qu’on les identifie. Que fait le gouvernement actuel de sa paie ? Analysons la loi des Finances 2024…
Lors de la procédure qui a conduit à son adoption, beaucoup de bruit a été fait sur le volet « Recettes », et notamment les hausses de taxes et impôts diverses. Hausses qui se sont manifestées au grand jour avec l’augmentation des prix du carburant. Pourtant, le volet « Dépenses » est tout aussi intéressant. Dans sa première partie, (Titre III, Chapitre II, articles 73 et suivants), les charges du budget général sont ventilées par nature économique. Cela nous donne.
La charge de la dette est de loin le premier poste de dépenses. Les dépenses de personnel représentent 20% du total des dépenses et sont en augmentation par rapport au budget 2023. Les dépenses de type « Investissements » ne représentent qu’un peu plus de 20%. A noter les dépenses de transfert qui sont les subventions aux entreprises (publiques ou privées) et les transferts aux établissements et différentes collectivités. Nous avons là la nature des dépenses, mais pour quelles destinations ? Il y a 65 chapitres, en commençant par la Présidence (chapitre 01 – 55,3 Mds), à qui sont destinés ces fonds. C’est également là que l’on retrouve les lignes 65 (chapitre 65 – 305 Mds) et 94 (chapitre 94 – 105 Mds) qui ont récemment défrayé la chronique. Visuellement, cela nous donne pour les plus grosses dépenses (> 100 Milliards de FCFA).
Et pour les plus petites dépenses (< 10 milliards)
Chacune, chacun peut d’ores et déjà se faire une idée des priorités à travers cette répartition. On retrouve bien les charges de la dette comme premiers postes de dépense. La somme des lignes 65 et 94 est dans le top 10. Ce sont des lignes budgétaires dont l’utilisation est purement discrétionnaire. Si « on » estime qu’il y a des charges de fonctionnement et d’investissement non budgétisées, on peut utiliser ces lignes.
Ce sont les deux seules lignes aussi peu précises dans leurs objectifs. A noter que les objectifs pour chacun des chapitres sont plus ou moins bien faits (plutôt pas bien faits, nous aurons l’occasion d’y revenir), et qu’il y en a qui ne correspondent qu’à des frais de fonctionnement, sans aucun livrable attendu. Je les appelle « objectifs à Taux de réalisation des actions approuvées par le gestionnaire ». On ne les connait pas. On ne peut pas les contrôler (un taux de réalisation d’actions inconnues). Il y en a partout. Focus sur les 7 premiers chapitres.
Plus de 107 Mds de FCFA (sur 199 au total pour ces 7 chapitres) sans objectif mesurable. On peut bien ou mal travailler, tant que ces 107 Mds sont dépensés, certains diront que l’objectif a été atteint. Cela confirme la navigation à vue que nous décriions en introduction. Navigation dont le résultat est le recul du Cameroun sur la quasi-totalité des indicateurs valables pour les pays comparables. La question est désormais la suivante : Est-il possible de faire mieux à budget constant ?
La réponse est OUI. Et dans le contexte camerounais actuel, nous pensons qu’elle passe par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, MRC. Son programme que nous allons commencer à développer, à partir du présent article, répond aux problèmes les plus prégnants auxquels est confrontée la société camerounaise. Et il y répond de manière concrète et immédiatement applicable. Ce programme, élaboré en 2018, prévoyait cinq chantiers prioritaires.
- Un chantier institutionnel et Politique
- Un chantier Jeunesse et Education
- Un chantier Economie et Production
- Un chantier Social et de Solidarité
- Un chantier des Relation Extérieures
Nous aurons l’occasion dans chacun des prochains articles de la Chronique du jeudi de rentrer dans les détails de ces chantiers. Aujourd’hui, arrêtons-nous juste sur 3 des propositions du programme du MRC pour en apprécier l’impact et le caractère réaliste et faisable.
- Langue nationale : Cette idée consiste à créer une langue camerounaise, construite sur la base de nos langues locales dont la richesse est infinie. A l’instar du Wolof ou du Swahili, cette langue fédèrerait les Camerounaises et les Camerounais. Etant donnée l’intégration des peuples Camerounais dans la sous-région, cette langue pourrait même devenir une langue parlée dans de nombreux autres pays (Afrique Centrale a minima). Est-ce faisable ? oui et à peu de frais. Pour rappel, la commission pour la promotion du Bilinguisme a un budget de 3 Mds de FCFA par an.
- Gratuité des césariennes. Chaque année, plus de 4000 femmes meurent en donnant la vie au Cameroun. Les causes sont l’accouchement en lui-même, mais aussi le suivi prénatal. Dans le système actuel, pas d’argent, pas d’acte. Sans compter les cas où le plateau local ne permet tout simplement pas la prise en charge. Le MRC propose la gratuité et une couverture sanitaire permettant la prise en charge de chaque femme où qu’elle soit. Est-ce possible ? Oui, nous aurons un article dédié. Sachez en attendant que le budget 2024 prévoit 59,8 Mds pour faire passer le taux de mortalité maternelle à 70 pour 100 mille naissances (aujourd’hui il est à + 400). Il n’est pas correctement utilisé. C’est le moins que l’on puisse dire. Sachez également que si l’on prévoit 500 mille FCFA pour la prise en charge (accompagnement prénatal, déplacement vers le centre de santé compétent, et prise en charge de la césarienne le cas échéant), cela ne fait « que » 2 Milliards pour les 4000 femmes qui décèdent par an. Sachez enfin que dans le budget 2024, il est prévu 1,1 Milliard pour la « mise à niveau du studio visuel » du Président (qui sert à enregistrer deux discours par an). Cette seule somme sauverait 2000 femmes.
- Import / Substitution : Le Chef de l’Etat a lancé en 2021 un plan triennal d’import substitution qui visait à substituer des importations par de la production locale. EN décembre 2023, il a annoncé le suivant, après que les importations sur les produits envisagés ont eu augmenté. Ce n’est pas une surprise. C’est l’absence de politique. Il s’agit d’une décision prise sur le constat du déficit de la balance des paiements. Mais sans aucune vision politique. Donc difficile à appliquer. Le MRC, dès 2018, annonçait une ambition forte d’import substitution sur un certain nombre de produits : Logiciels et microélectronique, Poisson (50% de production locale), maïs (passer de 2,1 M de tonnes à 5 M de tonnes en 7 ans. Aujourd’hui, nous en sommes toujours à moins de 3 M, 6 ans après 2018), priorité au bois local dans la commande publique, médicaments, etc. Est-ce réaliste ? oui, vous le verrez quand nous parlerons d’agriculture et d’industrialisation. Est-ce finançable ? Sachez qu’il est déjà budgétisé 127,5 Mds pour soutenir cette politique. Rappelez-vous également que les lignes 65 et 94 représentent plus de 400 Milliards de F CFA. Par an. On pourrait leur voir avoir une utilité sue et connue de tous.
Ces trois exemples qui touchent le vivre-ensemble et l’Identité que les Camerounaises et les Camerounais partagent, la santé et la solidarité où l’on redit que chaque vie compte (a fortiori quand il s’agit de donner la vie), et l’économie ne sont qu’un aperçu des différents sujets sur lesquels nous reviendrons. Notre pays va mal. Le régime du parti-Etat RDPC en est la cause. Il lui faut un remède. Le MRC est le bon moyen d’appliquer ce remède.
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