Maki Avele reçoit aujourd’hui le Président Efufub, qui bon nombre de ses confrères président africains, a été pris de panique à la suite des attaques « onusiennes » contre le Lybie ou encore par le délogement « onusien » de Laurent Gbagbo. Le président Efufub s’indigne contre ce qu’il considère comme un nouvel impérialisme. Il vient consulter Maki pour savoir les voies et les moyens de lutter contre ces « impérialistes d’un genre nouveau ».  La première partie où il pose le diagnostic est accessible ici Maki Avele et les anti-impérialistes...

 

 

Retrouvez la suite où il évoque les stratégies ci-dessous

 

-          Avant toute chose, il ne faut jamais oublier de ne pas être CONTRE un pays, mais uniquement POUR votre pays à vous. Cela signifie que vous éviterez les diatribes populaires négatives à l’endroit d’un pays, diatribes qui peuvent vous donner un avantage électoral sur le moment, mais vous desservir par la suite dans vos visées à plus long terme, puisqu’elles pourraient être utilisées contre vous dans les opinions occidentales « voyez il est contre nous, c’est donc normal d’être contre lui. C’est un fou dangereux qui nous menace, etc.). il faudra aussi éviter, même en cas de troubles chez vous, d’avoir des discours guerriers et menaçants contre vos citoyens (du style « je déverserai des rivières de sang » qui a été largement utilisé contre Kadhafi).  En toute chose, de la mesure, et dans vos discours, ne parlez que du bien de votre pays, même en cas d’insurrection, ne parlez que de la nécessité de protéger les citoyens, de défense, n’attisez pas la haine, qui pourra se retourner contre vous.

-          Ah oui ? Et ensuite ?

-          Commençons par la question des valeurs. Nous avons dit que si ils vous atttaquent, ce ne pourra être que sur les valeurs de démocratie et de droit de l’homme. Là aussi, soyez exemplaire, en plus ce sera profitable à votre pays. Je rappelle que vous avez dit que votre objectif c’est le bien de votre pays. Ce que je dis là ne marche pas si votre objectif c’est votre pouvoir personnel, auquel cas, ne vous cassez pas la tête, acceptez d’être leur valet, ils vous soutiendront toujours (jusqu’à ce qu’ils ne veuillent plus) et vous n’aurez plus de problème. Sauf quand un scandale (corruption, droits de l’homme, dictature, etc.) éclatera dans votre pays et que leur opinion sera au courant et leur demandera pourquoi ils traitent avec vous. Ils vous laisseront alors tomber. Donc le plus sage pour vous, et POUR votre pays, c’est d’opter pour l’exemplarité sur ce plan là. Démocratie c’est la clé. Allez même jusqu’à modifier la constitution pour permettre une fois par mandat un référendum (dès lors qu’un certain nombre de citoyens ont signé une pétition) pour autoriser une élection anticipée. Vous pourrez ainsi dire partout (pensez toujours à toucher leur opinion publique) que vous êtes le seul pays au monde aussi démocratique. Bien sûr dès votre élection (un an ou deux à peu près), en plein état de grâce, organisez en sous main une telle pétition (sous un faux prétexte). Le Non l’emportera (les gens viennent de voter, la plupart sera d’accord pour vous laisser finir le mandat, et vous n’aurez pas eu le temps de vous mettre les gens à dos), et vous serez tranquille pour le reste de votre mandat. Ils ne pourront donc pas vous attaquer sur la démocratie. Soyez vigilants dans ce que vous dites en public. Améliorez le niveau des forces anti-émeute et celles qui encadrent les manifestations, pour éviter les bavures que l’on pourrait utiliser contre vous. Si les gens vous disent « mais il y a des manifs, le peuple ne vous aime pas », répondez « il y a aussi des manifs chez vous (citez de bons exemples), mais en démocratie, on est élu pour travailler, ils auront les élections pour me virer. En plus, il y a déjà eu le référendum pour ou contre les élections anticipées. On a vu le résultat. Pouvez-vous organiser un tel référendum dans votre pays ? ». Tenez Chavez, il est absolument anti tout, mais personne n’a encore réussi à lui faire porter la casquette de dictateur. Pourtant ils ont essayé…

-          Ok, ensuite ?

-          Passons ensuite à l’économie. Nous avons dit que les pays dont il est question cherchent à s’accaparer vos richesses. Cela ne peut se faire que lors de la signature de contrats. Pour ce qui est des contrats, il en est de deux types. Ceux qui sont déjà signés, et ceux qui sont à signer. Commençons par ceux qui sont déjà signés. Certains parmi eux sont certainement abusifs pour votre pays, et c’est pour cela que vous cherchez à les remettre en cause, et pas pour attaquer un pays (vous êtes POUR votre pays, et non pas CONTRE un autre pays). Imaginons par exemple que la France est le pays avec le plus de contrats à renégocier. Faites voter une loi qui autorise un examen de tous les contrats signés dans les dernières années, avec possibilité de les renégocier (meilleur des cas) ou de les annuler (si la corruption ou l’irrégularité est totalement manifeste). Vous aurez probablement des remarques des diplomates des pays en contrat avec vous. C’est pour cela qu’il est important de ne pas manifester de rancœur contre un pays, sinon celui-ci se sentirait menacé tout de suite. Essayez de dénicher un contrat signé par vos prédécesseurs avec un pays de taille moindre (donc pas la Chine) comme la Turquie ou le Brésil. Demandez à la France de vous aider politiquement à faire passer cette annulation en sous-entendant que vous leur confierez le contrat à eux. Ils vous soutiendront si ce n’est pas un pays trop puissant. Donnez des interviews dans les médias de la France (en passant) en expliquant votre démarche « est ce que c’est normal de voir un contrat aussi honteux pour votre pays ? ». Ils vous soutiendront. Vous aurez alors les coudées franches pour attaquer n’importe quel contrat, y compris les leurs. Par contre il est important que la loi sur laquelle vous vous appuierez ne soit pas à tête chercheuse, ie qu’elle soit objective et ne vise à défendre que votre pays (Pour votre pays, pas contre un autre). Les autres pays vous soutiendront alors quand vous attaquerez les contrats abusifs de la France.

-          Je vois, et pour les contrats à venir ?

-          Là c’est simple. Votre procédure d’attribution des contrats et des marchés doit être exemplaire. Chacune des parties prenantes doit comprendre qu’il y a des critères objectifs (pour le bien de votre pays) et non pas subjectifs (laissant entendre que la décision est arbitraire, et donc peut être CONTRE un pays sans raison valable). Que le meilleur gagne, même si le meilleur est une entreprise française. Parallèlement à cela, puisque vous aurez développé les industries de votre pays, il sera même possible qu’elles gagnent à la loyale (sans favoritisme). Ce sera bien POUR votre pays. La plupart des pays (notamment ceux qui sont minoritaires chez vous, et qui cherchent à y entrer) vous soutiendront. En cas de problème aux nations unies et autre, si vous avez été correct, si vos règles sont bonnes et uniquement centrées vers le bien de votre pays, ils ne seront pas d’emblée contre vous.

-          Intéressant, mais toi-même tu dis qu’ils ne seront pas d’emblée contre moi, ça veut dire qu’ils peuvent quand même arriver à voter ou à s’abstenir.

-          Oui, mais il y aura moins de risques. Et dans cette dernière optique, il faudra recourir à la dernière arme. On dit que le foot est sale…

-          Explique

-          La clé ici sera d’attaquer ceux qui veulent les attaquer, mais auprès de leur opinion publique. Vous avez vu qu’en Lybie, le guide a un temps menacer de dévoiler le financement de sa campagne politique. Ça a jazzé quelques temps, mais visiblement, il n’avait rien. Vous il faut que vous ayez des preuves. Avant de vous bombarder, ils vont essayer de vous corrompre, de vous menacer, de corrompre les gens responsables de l’attribution des contrats, etc. Prévoyez tout, et enregistrez tout. Le moment venu, lâchez les bombes dans leurs médias. Il y en aura qui vous écouteront. Ils tomberont avant vous. En plus vous pourrez les poursuivre pour corruption dans vos tribunaux avec les lois anti corruption strictes que vous aurez votées.

-          C’est tout ?

-          Oui, je suis persuadé que si en toute chose vous agissez pour le bien de votre pays et de vos concitoyens (économie, politique, etc.), et non pas contre un pays en particulier, vous n’aurez pas de problèmes.

-          Merci Maki…

-          Je ne dirais pas « de rien », parce qu’il faut que vous payiez ma facture…

 

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