Amies Kiniennes,

 Amis Kiniens,

 Bonjour,


        Vraiment, les gens sont comme ils sont hein. Tu écris un truc, on dit que tu parles le français du quartier. Tu élèves le niveau, on dit que tu veux tuer les gens avec le langage soutenu. Les gens ne sont jamais contents. Vous devez comprendre que pour les intellectuels comme moi Max (Dieunedort) KINI, il est extrêmement facile de passer d’un style à l’autre. Cela s’appelle de l’éclectisme. Tout comme Donny Elwood (Apologie anthologique de Donny Elwood (part 1) ) a commis un album nommé, Eklectikos, moi KINI max, je sais être éclectique. Tenez-vous le pour dit.


        A propos d’artiste, j’écoutais Sally Nyolo dernièrement. Elle a une petite chanson là que j’aime bien. Elle raconte l’histoire d’un père qui avant de mourir, réunit ses dix enfants et leur donnant à chacun une brindille leur dit « brisez-les » et chacun put briser sa brindille. Il reprit ensuite 10 brindilles et, les réunissant toutes ensemble, il leur dit « Brisez-les » et aucun ne put briser les 10 brindilles réunies. Moralité « si vous êtes unis, personne ne pourra vous briser ». Ce qui nous amène directement au proverbe du jour : « Quel est le bruit d’une seule main qui applaudit ? ». En effet, pour obtenir un résultat harmonieux, atteindre un objectif, il faut parfois s’unir et travailler ensemble.


        Dans un pays comme le nôtre, le Cameroun, avec toutes ses ethnies, la tentation du tribalisme est grande, et les gens y succombent par wagons entiers, empêchant ainsi un travail harmonieux de tous les rejetons de cette patrie pour son développement. Tenez, l’autre jour un ami tribaliste dont je tairais le nom vient me dire qu’il a entendu une histoire qui confirme à quel point les Balu sont paresseux. Les Balu sont une tribu du pays, et les mauvaises langues disent que le trait prépondérant de leur culture, c’est donc la paresse. Mon ami médisant me raconte donc : j’ai entendu dire que Polycarpe, le vieux Balu qui est mort dernièrement là, juste avant de mourir a décidé de soumettre ses 3 enfants à un test pour savoir qui était le plus Balu, ie qui était le plus paresseux. A l’article de la mort, il fit donc venir l’ainé et lui parla en ces termes.

-          Mon petit, si tu as faim et que tu voies de la nourriture à 50 m, tu fais quoi ?

-          Je reste sur place jusqu’à ce que quelqu’un m’apporte à manger, sinon je meurs de faim.

-          C’est bien mon fils, dis le père tout ému.

Il appelle ensuite le second.

-          Edmond, monte me voir mon fils!

-          Oui papa.

-          Si tu as soif, très soif, et que tu vois une fontaine à 50m, qu’est ce que tu fais ?

-          Je reste sur place, et si personne ne vient me donner à boire, je meurs de soif.

-          C’est bien mon fils, dit le père avec des larmes d’émotion dans la voix.

Il appelle ensuite le dernier, réunissant ses dernières forces pour crier

-          Chakodé, monte me voir mon fils

-          Non, toi descends fut la réponse du dernier.

 

        Ne riez pas, les gens qui racontent ce genre d’histoire sont seulement là pour perpétuer le tribalisme. Et si vous me dites que je viens juste de la raconter, je vais m’énerver. Comment vouliez vous que je fasse pour que vous compreniez sans raconter l’histoire ? il est vraiment important que l’on aplanisse les divergences pour notre pays. Et c’est loin d’être acquis.


        Tenez, l’autre jour j’étais à l’hôpital pour une légère maladie vénérienne que j’avais malencontreusement contractée et qui m’empêchait de pisser convenablement. Dans la salle d’attente il y avait trois hommes qui attendaient les nouvelles de leur femme en train d’accoucher. Je l’ai su parce que j’ai entamé la conversation avec eux. Il y avait un monsieur Bisseck (Bassa), un monsieur Priso (Douala) et un monsieur Durand (Français). Tout de suite Bisseck et Priso ont commencé à s’insulter « oui les Douala font ceci, Non, ce sont les Bassa qui font cela ». Bref des trucs qui montraient qu’ils n’appréciaient pas l’ethnie de l’autre. Un silence froid s’est installé. Au bout d’un moment, le docteur arrive et tint à peu près ce langage (je suis passé en Mode Jean la Fontaine dans le corbeau et le renard : éclectisme vous dis je)

-          J’ai une bonne nouvelle. Vos femmes ont accouché. Par contre j’ai une mauvaise, ça a tellement été difficile qu’on s’est un peu emmêlé les pinceaux, et on ne sait plus qui est qui. Il va donc falloir que vous choisissiez vos bébés au hasard. On tire au sort pour voir qui choisira en premier.

        Le sort désigne Bisseck. Il va avec le docteur. Ils voient trois bébés. Deux Noirs, et un Blanc. Bisseck reste longtemps à regarder les bébés. Puis il finit par dire « c’est celui-là mon bébé » en désignant le bébé Blanc. Le docteur lui dit « Mais vous êtes sûr, parce que si je devais dire, votre bébé est plus parmi les Noirs, non ? ». Et bisseck de répondre « je sais, mais en choisissant celui-là, je suis sûr que je n’aurais pas un bébé Douala ».

 

Ne riez pas. C’est triste jusqu’où le tribalisme peut mener. Soyons unis car quel est le bruit d’une seule main qui applaudit ?

 

 PS: Vous pouvez quand même rire. je vous pardonnerais pour cette fois-ci.


Vous pouvez retrouvez par ailleurs Les histoires de Kini Max 

 

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