Dans notre parcours à la recherche des origines de l’économie, nous avions montré pourquoi le communisme (en tant que mise en commun des moyens de production et abolition de la propriété) était un système voué à l’échec, et que l’Homme était naturellement capitaliste.  Cela signifie-t’il qu’aucune socialisation n’est possible ? La réponse est non ? On peut vous prendre ce que vous avez à bon droit, et pour la justice. Ce principe se résume dans l’Impôt.

La suite nous permettra de le comprendre :

  1. L’impôt pourquoi? (cause) 
  2. L’impôt pour quoi faire ? (finalité)
  3. L’impôt par qui ? (Modalités, qui paie ?)
  4. Non à la gabegie (Pourquoi la corruption, le népotisme, l’inertie, l’inefficacité sont les plus grandes injustices qui soient)

I – L’impôt pourquoi ?

Imaginons un pays spécial. Un pays qui n’abriterait que des riches. Uniquement des riches. Même pas de pauvres pour le ménage ou le service. Tout est automatisé, intelligence artificielle partout. Pour quelle bonne raison quelqu’un viendrait il leur demander un impôt. Celui-là leur proposerait quoi en échange ? Ils peuvent assumer eux-mêmes leur sécurité, leur santé, leur éducation, etc.

Imaginons maintenant, qu’on introduise des pauvres et des très pauvres à côté de ces riches. Quelqu’un pourrait avoir d’aider ces pauvres à résoudre leurs problèmes. Comment faire ? Prendre l’argent à la communauté. C’est l’impôt. Qui dit prendre l’argent dit le prendre à quelqu’un qui en a. Comment faire pour en avoir ? En héritant ou en gagnant par le travail des autres (salariés, investisseurs ou clients qui achètent vos produits). Ce dont on hérite a été gagné par le donateur du fait du travail des autres également. Tout détenteur de richesse est donc toujours redevable à la société dans son ensemble. Il est donc normal que la société en reprenne pour aider les plus démunis.

Et comme toute société capitaliste (où des gens gagnent de l’argent par le travail d’autres personnes) est consubstantiellement inégalitaire (et augmente les inégalités), la société serait perpétuellement en instabilité d’avoir des riches sans cesse plus riches tandis que les pauvres seraient même incapables de survivre. Voilà pourquoi l’impôt est indispensable…

II – L’impôt pour quoi (faire) ?

Pour répondre à la question, imaginons-nous dans un village enclavé du Cameroun. Les champs que les villageois travaillent sont situés à 3 km de la route principale (non bitumée) qui permettrait d’atteindre le marché. Parmi ces villageois, il y a un riche, et même ultra riche. Les autres sont au plus bas de l’échelle.

Que se passe-t-il en l’absence de route secondaire qui relierait la route principale aux champs ?

  • Les paysans ne pourraient pas convenablement écouler leur marchandise e du coup, soit elle pourrirait au champ, soit ils iraient travailler dans le champ du riche, soit le peu qu’ils écouleraient serait vendu très cher, en raison de sa rareté et des difficultés d’acheminement vers le marché
  • Le riche paysan trouverait le moyen d’acheminer sa production (4*4 sur la piste, porteurs, etc), mais la vendrait chère car sans concurrence et en raison des difficultés d’acheminement qu’il peut néanmoins maîtriser, à l’inverse des pauvres paysans.
  • Les clients dans les marchés (pour la plupart pauvres, puisqu’il y a toujours plus de pauvres que de riches) achètent des produits qui coûtent plus chers du fait des contraintes précédentes (difficultés d’acheminement, absence de concurrence au riche paysan)

Que se passe-t-il avec la construction de la route pour ces mêmes acteurs ?

  • Les paysans pourront désormais écouler leur marchandise, tout en étant plus indépendants du riche paysan. Ils y gagneront. Ils pourront désormais avoir un revenu.
  • Le riche paysan profitera lui aussi de la route. Ces coûts d’acheminement diminueront. Il vendra peutêtre plus, mais il aura plus de concurrence, donc sa marge diminuera
  • Les clients dans les marchés auront désormais plus de produits à disposition et doublement moins chers (facilité d’approvisionnement et plus grande quantité

 

La route, construite avec les impôts, bénéficiera aux riches et aux pauvres. Mais en son absence, l’écart entre pauvres et riches sera plus grand qu’en son absence. C’est donc là la visée de l’impôt : Réduire l’écart entre les pauvres et les riches, en augmentant les facilités que les pauvres ont pour améliorer leur situation.

Plus de détails dans le lien ci-dessous...

III – L’impôt par qui ?

Nous savons maintenant que l’impôt doit servir à réduire les inégalités par son action. Pourtant nombreux sont ceux qui souhaiteraient également qu’elle les réduise par sa constitution, avant même qu’elle ait un quelconque effet. C’est-à-dire que ceux qui ont plus paient plus. Cela semble juste, mais qu’en est-il vraiment ? Commençons par examiner les différentes formes d’impôts à travers notre exemple de la route secondaire vers les champs. Nous verrons ensuite qui paie les différentes formes d’impôts.

Pour rappel nous avons les acteurs suivants : le riche, les pauvres paysans, et les acheteurs du marché, comptant plus de pauvres que de riches

Quels sont donc les types d’impôt ? Qui les paie ?

  1. Impôt sur la production. Cet impôt intervient alors que le produit final n’est pas encore livré, ni donc vendu.  Ici on taxe par exemple l’outil de production (TVA, droits de douane) ou on taxe le travail des employés (charges salariales, etc.).  Quel que soit le cas, le producteur, riche ou pauvre fera intervenir cet impôt dans le prix de vente s’il escompte avoir un bénéfice. Ce sont donc les consommateurs au marché  qui paient directement cet impôt (et donc les pauvres)
  1. Impôt sur le produit final. Ici on considère que l’Etat doit récupérer une partie de la richesse produite. On impose donc une taxe qui vient s’ajouter au prix de vente. Le consommateur est celui qui paie directement. Là également ce sont les pauvres qui paient cet impôt.
  2. Impôt sur le revenu. Ou encore impôt sur la richesse acquise. Ici puisque vous avez gagné de l’argent, l’Etat en prend une partie. Il en est de deux types
    1.  Proportionnel. Tout le monde paie un % identique sur ses revenus. Comme les pauvres sont plus nombreux, ils participeront plus en proportion de l’impôt collecté que les riches. Et d’autre part, moins on a de revenus, plus tout retranchement d’une partie de ce revenu fait mal. L’écart entre les pauvres et les riches s’accroit donc car le riche paie l’impôt avec son superflu et le pauvre avec son nécessaire. Ce sont également les pauvres qui paient cet impôt.
    2. Progressif. Ici le % payé varie en fonction des revenus. Plus on a d’argent, plus ce % augmente. Cet impôt semble donc atteindre l’objectif de réduire les inégalités par constitution et par seulement par son action. Sauf que

Sauf que malgré cette progressivité, le reste à vivre des plus riches reste très bon. Cela veut dire que le % maximal n’est pas très élevé. En effet si notre riche est taxé de tous ses revenus, soit il n’a plus intérêt à investir dans ses champs (et ce sont ses salariés qui perdront leur emploi) soit il essaiera d’aller dans le village / pays d’à-côté qui a de moindres taux. Dans une économie ouverte, OU tout le monde est d’accord pour appliquer de telles taxes (impossible, et si ça arrivait on aurait une productivité moindre et donc des prix en hausse) OU le taux maximum sera limité.

Quand on limite ce taux, on se retrouve donc avec un impôt sur le revenu qui ne peut pas être un impôt majoritaire dans la part totale de l’impôt. En France par exemple, il ne rapporte que 77 Milliards à côté des près de 300 milliards de la TVA. Bien que cet impôt soit le moins inégalitaire, il ne change pas le fait qu’au global ce sont les pauvres qui paieront.

  1. Impôt sur le patrimoine. Le but est de prendre non plus le revenu, mais le capital accumulé (en biens mobiliers ou immobiliers). Mais là également, sous peine d’inefficacité, il est forcément limité. En témoigne la liste des pays l’ayant supprimé. En France par exemple, avant sa suppression il ne rapportait que 5 Milliards soit moins 1% de l’ensemble de l’impôt collecté. Il n’est pas significatif.

En conclusion, quel que soit le type d’impôt, ce sont les pauvres qui le paient. Il vient donc que si on ne veut pas accroître les inégalités (à défaut de les réduire), il faut ABSOLUMENT que l’utilisation de l’impôt aille à la réduction effective de ces inégalités. ABSOLUMENT.

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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'impôt...

IV – Pourquoi la gabegie, la corruption, l’inefficacité de l’action publique ne sont pas tolérables ?

Puisque l'objectif de réduction des inégalités ne peut être abandonné, il est IMPERATIF que l’usage de l’impôt (et de l’argent public en général) aille véritablement et toujours dans ce sens. La corruption, gabegie,  et une action publique inefficace ne vont pas dans ce sens. Ils sont donc intolérables. Explications…

 

Reprenons nos 10 paysans, dont un seul est riche et les autres pauvres. Imaginons qu’au lieu d’une route, ils décident d’obtenir de l’Etat une omelette. En démocratie, ils ont le droit de décider ce qu’ils veulent. En l’occurrence une omelette. L’Etat, c’est le commis que l’on envoie acheter les ingrédients et préparer l’omelette. Nous sommes d’accord que la taille de l’omelette dépendra directement de la qualité du commis.

La corruption arrivera si alors qu’on lui a remis 100 Francs pour sa tâche, quelqu’un lui donne personnellement quelque chose pour distraire une partie de ces 100 Francs. Cela peut être la fille qu’il courtise et qui exige en échange de ses services d’avoir 20 Francs. Cela peut être le boutiquier qui lui dit qu’au lieu de lui vendre les œufs à 25 Francs (4 œufs) comme c’est marqué sur la plaque, il les lui vend à 33.3 Francs (3 œufs) et personne n’en saura rien. Le boutiquier garde 20 francs et donne 5 Francs au commis pour sa peine. La corruption arrivera également si alors qu’il a un salaire régulier, pour remplir sa mission, il exige à nos 10 paysans d’avoir 5 Francs pour se mettre en branle. Ce sont là autant de formes de corruption. Dans tous les cas, l’omelette sera plus petite que ce qu’elle aurait pu être. Rappelons que ces 100 francs sont le résultat du dur labeur de nos paysans (notamment les plus pauvres). Les distraire indûment peut s’apparenter à sucer leur sang. C’est un crime ! D’autant plus qu’il y a volonté de le faire.

La gabegie produit le même type de résultat à ceci près que la volonté de mal faire n’est pas forcément présente. Ce qui manque c’est l’absolue nécessité de bien faire. La gabegie se produira quand au lieu d’aller dans la boutique du coin, notre commis prendra un taxi course pour aller dans la boutique qui est à l’autre bout de la ville. La gabegie se produira également quand alors qu’il a tous les ingrédients, le commis n’optimisera pas leur utilisation et produira une quantité et une qualité déplorables.

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'impôt...

Regardons nos administrations, et demandons-nous si réellement les process sont optimisés, le temps des employés utilisé de manière irréprochablement tendu vers l’objectif. Les exemples où l’on peut répondre par la négative sont légion.

 

Notons également que lutte contre la gabegie et la corruption n’est pas synonyme de réduction des dépenses mais plutôt d’optimisation de cette dépense. La société doit se mettre d’accord sur la taille de l’omelette. La contrainte vient alors de la production de richesse. C’est elle qui conditionne l’enveloppe que l’on confiera au commis : 100 francs ? 1000 Francs ? C’est la réalité économique. Si l’omelette est supérieure à l’impôt, cela s’appelle la dette. Ce seront alors les générations futures qui paieront. Alors qu’elles n’ont rien demandé. Et leurs omelettes à elles seront forcément plus petites que celles qu’elles auraient pu avoir sans le cadeau empoisonné qu’on leur laisse. Et comme on le leur laisse volontairement (ou par absence de volonté contraire), c’est également un crime…

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