Amis Kiniens,

Bonjour.

C'est avec un réel plaisir que je reviens vers vous. Je ne sais pas si je dois l'avouer, mais je prends un véritable plaisir à échanger avec vous, même si l'échange se résume à moi, KINI Max me mirant dans vos yeux admiratifs. J'adore.

 

Mais nous ne sommes pas là pour parler de moi. Nous sommes là pour parler de quoi ? Nous sommes où d’abord ? Bref. Je lisais récemment un livre profondément profond sur les aventures de Nkoulou la tortue et de Leuk le lièvre. J’ai bien ri des tours que la tortue jouait au lièvre. Il y avait notamment les courses entre eux où le lièvre partait le premier et vite, mais se faisait battre par la tortue qui, maligne, avait placée ses congénères de part en part le long du parcours. Le lièvre accélérait rattrapait la tortue, la doublait pour retrouver une tortue devant lui. Il a fini par s’écrouler, épuisé. Moralité ? Avant d’agir, mieux vaux parfois réfléchir pour déterminer la meilleure stratégie. Autrement dit la course des enfants c’est le matin (ce sont eux qui vont partir comme des chiens fous sans réfléchir) ou encore pour parler de la formalisation qui nous amène : Rien ne sert de courir, il faut partir à point.

 

Moi vous commencez à me connaître. Il ne suffit pas d’expliquer, il faut que j’illustre. Pour être sûr que vous me compreniez. Je vais commencer par une histoire où la protagoniste n’a vraiment pas réfléchir avant d’agir.

 

Elle s’appelait Zedba. Je venais juste d’emménager dans un immeuble de la place. Nous étions voisins de palier. Le matin en montant mes cartons, je l’ai vue. Elle était belle, le visage radieux, l’air de respirer la vie. J’ai tout de suite essayé de la draguer. Vous me connaissez. Croyez le ou pas, mais elle m’a envoyé bouler avec un « C’est sympa, mais tu n’es pas trop mon type, mais on peut être bons amis si tu veux, d’autant que l’on sera voisins ». Je n’ai pas l’habitude de me faire rembarrer comme ça. En fait si, mais je n’aime pas ça. Du coup je lui en voulais. Le soir pour me changer les idées, je mets la musique à fond, jusqu’à deux ou trois heures du matin. Cela m’a déjà causé des ennuis avec mes précédents voisins, mais je m’en fous, j’écoute ma musique. D’autant plus que je n’avais aucune raison de plaire à ma voisine. Je m’attendais même à ce qu’elle vienne se plaindre. Elle n’est pas venue. Le lendemain, elle a frappé à ma porte. Elle avait l’air un peu fatigué et à ma grande surprise, elle m’a tendu 150 FCFA. Elle a ajouté : « C’est pour te remercier d’hier soir. Comme moi aussi j’ai pu bénéficier de ta musique, je tenais à te donner ma participation, tu as payé le disque, le courant, et la chaîne Hi-Fi. En plus tu as bon goût. Tu aurais pu être DJ. Encore merci ». Et elle est partie, ma laissant pantois. 150F, cela permettait d’acheter le pain pour mon petit-déj. Ce que j’ai fait. Le lendemain, même chose. Mais elle avait l’air encore plus fatiguée. Et ainsi de suite pendant un mois. Je m’habituais à la routine, et je ne me préoccupais plus d’avoir la monnaie pour mon petit-déjeuner. Un beau jour, à neuf heures, elle n’était toujours pas venue. Je commençais déjà à avoir faim. A 10H, rien. Je suis allée cogner à sa porte. Elle a ouvert, le visage toujours aussi fatigué. Je lui ai demandé pourquoi elle n’était pas passée me donner mon argent. Elle m’a répondu.

-          Ton argent ? Ton argent ? C’est devenu une dette ? S’il te plait, fous-moi la paix. Je ne donne rien. Ça me fera des économies.

 

C’est là où je dis, vraiment, les gens ne réfléchissent pas. Voyez-moi une fille qui se croit maligne. Elle croit qu’en plus de me repousser en tant que petit ami, elle peut écouter ma musique sans contrepartie ? Si c’était cela son plan, j’allais lui montrer que la course des enfants c’était le matin. Pas de pitié, et moi quand je décide, je fais. J’ai décidé de baisser drastiquement le volume de ma musique le soir. Je l’ai revue peu de temps après ma décision. J’aurais même pu changer d’avis, mais son hypocrisie a achevé de m’énerver. Elle avait l’air heureuse et semblait avoir retrouvé sa bonne mine. Les hypocrites m’horripilent tant…

 

Bref, c’était une fille qui ne voyait pas loin. Par contre, quelqu’un de malin et prévoyant, c’est mon oncle Polycarpe. Polycarpe est riche, très riche planteur de l’ouest du Cameroun. De même qu’un grand propriétaire terrien. Il est vraiment très riche. Tout comme il est avare et discret. Le grand public ne le connait pas : Pour vivre heureux, vivons caché. Un jour il devait se rendre en Europe. Le jour du voyage, il prend sa luxueuse Bentley. La seule du Cameroun. Il va de Bafoussam à Douala d’où il prendra l’avion. Il s’arrête dans l’agence principale d’une grande banque de Douala. Il leur dit

-          Je dois voyager d’extrême urgence. Je veux un prêt de trois millions de francs pour mes dépenses du voyage.

-          Mais monsieur, vous n’êtes même pas client chez nous. On ne peut pas vous faire un tel prêt sans garantie.

-          En garantie, je vous laisse la Bentley qui est garée dehors.

-          OK. Nous en prendrons grand soin répond le banquier en espérant que le client ne revienne jamais.

Un mois plus tard, Polycarpe revient de voyage. Il va à la banque et rend le million. On lui rend sa voiture qui a été parfaitement gardée dans le garage sécurisé de la banque. Avant qu’il démarre, le banquier lui dit :

-          Excusez-moi monsieur. Notre accord m’a intrigué. Je me suis donc renseigné sur vous. Les propriétaires de Bentley sont rares. J’ai appris que vous êtes très riches. Certainement pas à trois millions près. Pouvez-vous m’expliquer ?

-          C’est simple, trois millions à 5% pendant un mois, cela fait 10 mille francs d’intérêts. Vous connaissez un garage ou un parking qui m’aurait gardé ma voiture de manière sécurisée pour 10 mille francs CFA pendant un mois ?

 

Polycarpe n’était pas un enfant, il pouvait donc commencer à courir le soir. Ce qu’il fit d’ailleurs en prenant la route pour rentrer à Bafoussam.

 

 

 

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