Imaginez la scène. Une foule en colère, s’appuyant sur ses traditions et sa religion, encercle une femme à genou. Elle est coupable d’adultère. Chacun dans la foule tient une pierre qu’il s’apprête à lancer sur la femme. Soudain, un jeune homme fend la foule. Il est beau, grand et charismatique. Il leur dit « Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre ». Et là, silence. Les gens se calment. Certains commencent même à se retourner pour rentrer quand une pierre vient heurter la femme à genou. Et le jeune homme de dire en se tournant vers l’auteur du jet, une femme d’âge mûr,  « maman, je t’ai déjà demandé de ne pas venir trainer où je suis ».

Cette blague, où Marie, réputée vierge de pêché dans certaines traditions, est celle qui jette la pierre parce qu’elle n’a jamais pêché n’occulte pas trois choses : Nous aimons juger les autres (et parfois très violemment), nous sommes pêcheurs, et Jésus nous a demandé explicitement de ne pas juger autrui. La suite de l’article entend discuter de ces sujets, en proposant quelques arguments pour nous aider à respecter les enseignements de Jésus. En bref, à faire attention d’abord à la poutre qui menace nos yeux à nous…

Dans le livre de Jean, Jésus a été extrêmement explicite. Celui qui l’aime, c’est celui qui met en application ses commandements.

14.15 Si vous m'aimez, gardez mes commandements.

 

14.21 Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, je l'aimerai, et je me ferai connaître à lui.

 

15.10 Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même que j'ai gardé les commandements de mon Père, et que je demeure dans son amour.

Et comme nous l’avons vu en introduction avec la femme adultère, il commande de ne pas juger autrui. Notamment parce que soi-même, l’on n’est pas parfait. Si l’on ne prend que le sermon sur la montagne dans Mathieu, les déclarations sont nombreuses…

5.22 Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges; que celui qui dira à son frère: Raca! mérite d'être puni par le sanhédrin; et que celui qui lui dira: Insensé! mérite d'être puni par le feu de la géhenne.

7.1 Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés.

7.2 Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez.

7.3 Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil?

7.4 Ou comment peux-tu dire à ton frère: Laisse-moi ôter une paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien?

7.5 Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'œil de ton frère.

Nous disons que Jésus dit que celui qui l’aime c’est celui qui suit ses commandements. Et il commande notamment de ne pas juger autrui. Comme nous aimons bien juger autrui, le condamner et le vouer aux gémonies, nous exigeons de comprendre avant de bien vouloir se plier à ce commandement. Pourquoi dit-il ça ? Est-on certain de cette interprétation ? Et bien cela s’explique aisément. Pour deux raisons a minima

  • Il veut que nous soyons parfaits

Mt 5.46 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? Les publicains aussi n'agissent-ils pas de même?

5.47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire? Les païens aussi n'agissent-ils pas de même?

5.48 Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.

Parfaits dans l’observance de ses commandements, parce que c’est ce qui est bon pour ses brebis. Et se concentrer sur les autres nous détourne de ce qui devrait être notre priorité : Qu’est-ce que moi je peux faire pour faire advenir le royaume de Dieu sur Terre, voilà son mantra. Ses nombreuses paraboles, ses nombreuses exhortations ont toutes pour point commun de nous

  • Il ne perd pas espoir que ceux qui ne sont pas encore dans le droit chemin y reviennent, pour qu’à leur tour ils deviennent parfaits comme Son Père. Pour ça au lieu de les condamner, il faut aller vers eux. Le pasteur qui a ne serait-ce qu’une brebis égarée sur cent fait tout pour aller la chercher et le médecin ne vient pas pour ceux qui sont en santé.

Mt 9.11 Les pharisiens virent cela, et ils dirent à ses disciples: Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les gens de mauvaise vie?

9.12 Ce que Jésus ayant entendu, il dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades.

9.13 Allez, et apprenez ce que signifie: Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices. Car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs.

On pourrait me rétorquer que laisser prospérer certaines pratiques c’est encourager leur développement. C’est Jésus lui-même qui répond (c’est son problème et pas le tien) : ne pas condamner ce n’est pas encourager tout le monde à faire. Dans Jean

8.3 Alors les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en adultère;

8.4 et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus: Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère.

8.5 Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes: toi donc, que dis-tu?

8.6 Ils disaient cela pour l'éprouver, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus, s'étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre.

8.7 Comme ils continuaient à l'interroger, il se releva et leur dit: Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle.

8.8 Et s'étant de nouveau baissé, il écrivait sur la terre.

8.9 Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu'aux derniers; et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu.

8.10 Alors s'étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui dit: Femme, où sont ceux qui t'accusaient? Personne ne t'a-t-il condamnée?

8.11 Elle répondit: Non, Seigneur. Et Jésus lui dit: Je ne te condamne pas non plus: va, et ne pèche plus.

Va, et ne pêche plus ! Il ne s’agit donc pas de dire que ce n’est pas un péché. Il s’agit de lui demander à elle de faire des efforts. Et surtout à nous de ne condamner personne. Pourtant, au cours du temps, selon les lieux, nous avons condamné, au nom de Dieu.

Nous avons condamné ceux qui n’étaient pas de la même race, du même pays ou de la même tribu.  Nous avons condamné ceux qui n’étaient pas de la même religion. Nous avons condamné celles et ceux (surtout celles) qui commettaient l’adultère. Nous avons condamné les prostituées. Nous avons condamné celles et ceux qui divorcent. Et aujourd’hui nous condamnons celles et ceux qui sont homosexuels. Et nous condamnons au nom de Dieu. Malgré les enseignements très clairs de Jésus.

Attention ! Attention à l’hypocrisie, car nous serons jugés avec le jugement dont nous jugeons. Prenons par exemple le cas de l’homosexualité. Aujourd’hui, dans nos églises, c’est l’un des thèmes qui heurte le plus, qui provoque le plus de réactions violentes envers ceux qui s’adonnent à cette pratique. Pourtant Jésus nous a demandé de ne condamner personne. Pourtant cette tolérance ne signifie pas que la pratique en question ne soit pas un pêché. Et pourtant, hélas, celles et ceux qui me lisent savent comment sont traités (et peut-être le font ils) les homosexuels dans nos sociétés sous couvert notamment de religion. Quelle justification ? Les écritures. Jésus n’en parle pas. L’ancien testament en parle, prône la mort. Au même titre que bon nombre d’autres pratiques. Paul, dans ses épitres aux Romains et aux Corinthiens en parle également. Dans Corinthiens

6.9 Ne savez-vous pas que les injustes n'hériteront point le royaume de Dieu? Ne vous y trompez pas: ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères,

6.10 ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n'hériteront le royaume de Dieu.

6.11 Et c'est là ce que vous étiez, quelques-uns de vous. Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus Christ, et par l'Esprit de notre Dieu.

Les homosexuels sont bien condamnés. Au même titre que de nombreuses autres catégories de pêcheurs. Si l’on prend une société comme la société camerounaise, la corruption est généralisée et l’adultère est quasiment institué. Nous avons dit que Jésus n’a pas parlé de l’homosexualité. Mais il a parlé d’adultère. Dans Mathieu

5.27 Vous avez appris qu'il a été dit: Tu ne commettras point d'adultère.

5.28 Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son coeur.

Pourtant nous faisons comme si nous ne voyons pas. Ou nous nous pardonnons. Pour aller condamner ceux qui commettent d’autres pêchés selon nous. Mon frère, ma sœur, enlevons la poutre dans notre œil. Enlevons là. Ne pas juger ce n’est pas encourager. Paul qui parle de l’homosexualité ajoute ceci dans Romain

2.1 O homme, qui que tu sois, toi qui juges, tu es donc inexcusable; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, tu fais les mêmes choses.

2.2 Nous savons, en effet, que le jugement de Dieu contre ceux qui commettent de telles choses est selon la vérité.

2.3 Et penses-tu, ô homme, qui juges ceux qui commettent de telles choses, et qui les fais, que tu échapperas au jugement de Dieu?

Le dernier point, tout aussi important est l’effet sur ces personnes que nous jugeons. Jésus nous l’avons vu, ne veut laisser aucune de ses brebis de côté, à l’écart. Le médecin n’est pas venu pour guérir les gens en bonne santé. Quand nous excluons des gens, ils s’éloignent du groupe qui les exclut. Certains parmi eux en concluent que les préceptes du groupe sont ceux qui commandent les pratiques des membres du groupe. Et concluent donc que ce n’est pas le groupe qui correspond à ceux qu’ils sont. Les préceptes que les membres du groupe des Chrétiens devraient suivre sont les commandements de Jésus. Rejeter les enfants de Dieu c’est donc œuvrer pour que certains d’entre eux refusent le Christ. Attention !

Nous qui sommes corrompus et corrupteurs avons confiance en la miséricorde et continuons de nous considérer comme faisant partie des enfants de Dieu. Nous qui sommes adultères faisons de même. Nous qui sommes menteurs faisons de même. D’où viendra-t-il donc que nous refusions cette même miséricorde à d’autres et que nous œuvrions à les exclure du cercle des enfants de Dieu ?

Attention à la poutre. Nos yeux sont fragiles…

 

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