Interrogatoire du mari de la victime, Jean Bosco

 

-          Bonjour Monsieur

-          Bonjour Inspecteur

-          Sincères condoléances

-          Merci, vraiment, merci

-          Dites moi, parlez moi des circonstances du décès de votre épouse.

-          Bien, j’ai organisé le repas du midi avec mes quatre épouses. J’avais quelque chose à leur dire. Le repas s’est passé normalement. Et après chacun a regagné ses appartements. Moi je suis reparti en voiture car j’avais une réunion. J’étais encore en route quand on m’a appelé pour me dire que Suzanne était en train de vomir. J’ai appelé les pompiers et j’ai immédiatement fait demi-tour. Elle était déjà morte.

-          L’autopsie montre qu’elle a été empoisonnée au cours du repas.

-          Au cours du repas ?

-          Oui. Avez-vous remarqué quelque chose ? Dans le déroulement de ce repas ?

-          Le repas a plutôt bien commencé. Mais un froid s’est installé peu après. Ce qui fait que le silence régnait. On a mangé en silence. Rétrospectivement, ce n’était pas une très bonne ambiance. Les trucs de nourriture sont gérés par les femmes chez moi. Je ne me souviens pas exactement de ce qu’on a mangé, mais si je me souviens bien il y avait une entrée – une salade je crois, un plat principal et des desserts. Moi j’ai pris un fruit en dessert.

-          Qui a pris quoi ?

-          Je ne regarde pas trop les plats des autres. Je sais juste que Suzanne a sans doute pris un yaourt en dessert.

-          Vous l’avez vue ?

-          Pas vraiment, mais il est de notoriété publique qu’elle avait un faible pour les yaourts Milko. Ce sont ces yaourts qui étaient sur la table. Quand je dis un faible, c’est un euphémisme. Elle se jetait véritablement dessus. Et n’en laissait que le plastic de l’emballage. Elle était mignonne. Je ne l’emmenai plus au restaurant à cause de ça. Je lui disais que je connais des gens dans mes business, et elle disait qu’elle s’en foutait. Elle faisait ce qu’elle voulait.

-          Et ça devait vous énerver, vous un homme aussi attaché aux traditions.

-          Vous savez, dans la vie, il y a ce que l’on doit faire, et ce que l’on pense. Je suis notable chez moi et je respecte mes traditions. Mais je suis aussi un homme donc je pense. Je savais comment elle était avant de l’épouser.

-          Comment l’avez-vous rencontrée ? Et pourquoi l’avez-vous épousée ?

-          Je l’ai rencontrée au cours d’une émission politique de radio. J’ai quelques responsabilités dans mon parti, et elle était à ce moment là une activiste de l’opposition qui commençait à être connue. C’est son indépendance d’esprit qui m’a plu. C’est aussi ce qui m’avait plus chez Adèle. Mais ces derniers temps elle était devenue trop docile.

-          Vous n’aimez pas les femmes dociles ? Pourquoi avez-vous épousé vos deux autres femmes ?

-          Comme je vous disais tantôt, dans la vie, il y a ce que l’on doit faire, et ce que l’on aimerait faire.

-          Et vous avez eu besoin d’épouser deux femmes en plus pour la tradition ?

-          Ma troisième femme, c’est parce que j’ai flashé physiquement sur moi. Elle était disposée à m’épouser. J’avais les moyens de l’épouser.

-          Et du point de vue des traditions, ces épouses ont-elles rempli leur rôle ?

-          Ma première femme m’a donné trois magnifiques filles. Ma seconde, trois magnifiques garçons, la troisième n’a pas encore eu la chance de m’en donner. La quatrième vient de décéder. C’est en gros là le rôle des épouses, du point de vue des traditions. Les enfants sont le prolongement d’un homme, et donc d’un peuple.

-          Je vois. Monsieur, battez vous vos épouses ? battez-vous Suzanne ?

-          Comment osez-vous ?

-          Pas de ça avec moi. Nous avons la preuve que votre femme a été battue récemment. Êtes-vous certain que ce n’est pas vous le responsable de ses traces de coups

-          C’est bien moi, mais je ne l’ai pas vraiment frappée. Nous avons eu une dispute et dans la colère, je ne me suis pas retenu. Mais c’est la seule et unique fois où c’est arrivé.

-          Et nous devons vous croire ? Le sujet de la dispute ?

-          La politique.

-          Savez vous que votre femme était enceinte ?

-          Comment savez-vous cela ?

-          Nous avons accès la science Mr.

-          Mmm, Oui je savais

-          Vous avez l’air d’hésiter

-          C’est parce que …, je ne sais pas comment dire ça. Lors de la dispute, elle m’a effectivement informée de son état. C’est comme cela que je me suis calmé. Mais je ne savais pas si c’était vrai. C’est d’ailleurs cela que je voulais dire à mes femmes lors du repas. Je ne l’ai pas fait à cause de l’ambiance. Et maintenant qu’elle est morte, et le bébé avec, je ne voulais pas que ça se sache plus. J’ai déjà perdu deux bébés en bas âge, et des rumeurs courent déjà sur le fait que je les aurais « vendus ». c’est ce qui expliquerait ma richesse. Donc puisque personne n’était au courant, je voulais garder cela secret.

-          Décidément, ça fait beaucoup de secrets Mr Jean Bosco. Retirez vous. Si nous avons des questions complémentaires, nous vous rappellerons.

 

 

 

Pour rappel, retrouvez la suite de l'intrigue ici => Inspecteur Colombo

 

avec L'assassinat de la petite dernière: les personnages

 

et L'assassinat de la petite dernière (2): analyses scientifiques

 

et L'assassinat de la petite dernière (3): Interrogatoire de Jean Bosco

 

et L'assassinat de la petite dernière (4): Interrogatoire d'Adèle

 

et L'assassinat de la petite dernière (5): Interrogatoire de Mélanie

 

et L'assassinat de la petite dernière (6): interrogatoire de Majolie

 

et L'assassinat de la petite dernière (7): Interrogatoire de Mme Mengue  

 

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