Quand je serai Président (19): Luttons contre l'insécurité...
30 avr. 2011
Dans le cadre de la chronique ([Quand je serai président ]), je présente aujourd’hui mes propositions sur les moyens de lutter contre l’insécurité et la délinquance.
Domaine abordé : Insécurité.
Symptômes constatés :
Pas une semaine ne se passe sans que les média camerounais ne rapportent tel cambriolage, tel meurtre, telle agression. Les ministères, les banques, les commissariats ne sont pas épargnés, et même l’intégrité du territoire s’en trouve menacée, avec les phénomènes de coupeurs de route, et les groupes rebelles qui attaquent à Bakassi et ailleurs dans le territoire. Les symptômes, réels ou imaginés comme tels dans l’imaginaire collectif, sont donc nombreux. Nous disons imaginés car les statistiques officielles laissent présenter à Yaoundé par exemple une situation relativement admirable [http://cameroon-info.net/stories/0,28635,@,cinq-assassinats-en-2010-les-statistiques-de-l-insecurite-a-yaounde.html], bien que l’impression de sécurité dans les taxis, dans les domiciles y augmente. Chacun se fera son opinion…
Diagnostic et objectifs de la solution :
La première chose qu’il convient de dire quand l’on discute du diagnostic de l’insécurité, c’est que ces actes d’insécurité sont causés par des hommes et des femmes. Il en est de deux types : Ceux qui commettent un tel acte sans préméditation aucune, sous le coup de la colère, de la jalousie, de l’envie, de l’appât du gain, avec ou sans préméditation, etc. Ce sont ces actes qui alimentent les rubriques de faits divers. Pour ceux là, la solution devra se concentrer sur la prévention, en essayant de fournir à la société les moyens d’atténuer les tensions, de pousser les citoyens à penser spontanément à d’autres moyens de résoudre les problèmes que de céder à la violence (ceci passe notamment par une justice de qualité dont nous avons discuté par ailleurs) , même sous le coup de la colère, et enfin dans la mesure du possible de tenir les armes létales à distance des populations.
Le second type de gens qui commettent ces actes sont ceux de personnes que l’on qualifie de bandits, ie des personnes qui décident d’exercer des activités illégales, d’utiliser la violence, de cambrioler et d’assassiner comme moyen de survie. C’est contre ce type d’actes que les pouvoirs publics doivent agir. Mais avant d’agir, il convient de dire un mot sur ce second type d’acteurs. Nous pensons globalement qu’à de rares expressions près (que l’on appelle sociopathes) ce sont les évènements de la vie, les conditions de vie qui favorisent tel ou tel type de comportements. L’enfant qui a faim et qui n’a pas d’espoir de trouver à manger sera plus facilement porté à aller voler de la nourriture. Il recommencera, se fera peut-être prendre, passera quelques jours en prison où il s’acoquinera de « grands frères » qui lui montreront des tours de plus en plus méchants : C’est la rentrée dans le grand banditisme. Nous avons développé cette théorie dans le présent article [Egalité: Qui sont les délinquants?]. A Douala par exemple, les enfants de rue, les orphelins laissés à eux-mêmes sont ceux là que l’on retrouve tous petits à Akwa par exemple et que l’on appelle « awasheurs ». Ils grandissent et certainement certains rentrent dans le grand banditisme. Nous en avons un exemple récent dans le lien suivant [http://cameroon-info.net/stories/0,28620,@,douala-un-francais-tue-dans-la-rue.html]. C’est pour cela que les brigands viennent plus des quartiers populaires que des beaux quartiers. La solution préventive donc consistera à lutter contre les zones (géographiques et humaines) de misère sociale, de manière à ce que naturellement, les jeunes se disent qu’il y a bien d’autres voies plus sûres pour accéder à l’épanouissement personnel. C’est cela aussi la solidarité, un des trois piliers de notre projet (liberté, responsabilité, solidarité). Dans les propositions socio-économiques, nous présentons les propositions pour un développement harmonieux du Cameroun. Une proposition spéciale sera disponible pour les laissés pour compte (enfants de la rue, pygmée, etc.). Et automatiquement, la délinquance diminuera avec la sortie de la pauvreté.
Ceci étant dit, nous nous devons de rappeler que le second pilier de notre projet est la responsabilité, cela signifie que quiconque, peu importent les raisons, commet un acte doit en assumer la responsabilité. Ceci étant dit, nous pouvons passer à la solution qui devra
- Tenir compte des moyens dont dispose la police et optimiser ses différentes interventions pour combattre la délinquance
- Associer les citoyens au travail des forces de l’ordre
- Anticiper et prévenir les types de délinquance non encore répandus (kidnapping contre rançons comme en Amérique du Sud, plaque tournante pour le trafic de drogue comme certains pays d’Afrique de l’Ouest)
- Eviter de sombrer dans un état policier qui au lieu de protéger les citoyens se met à les traumatiser. Souvenons du commandement opérationnel dans la fin des années 90 à Douala qui a conduit à l’affaire des neufs de Bépanda.
Proposition de solution :
1) Cartographie des actes de délinquance.
La première étape sera d’établir une cartographie des actes de délinquance qui devra comprendre tous les actes de délinquance, leur nature (gravité), leur lieu d’occurrence, le jour de la semaine, le moment de l’année, etc. Cette cartographie sera publique (moyens numériques) de manière à ce que tous soient informés et qu’un suivi puisse être fait sur l’évolution de la lutte contre les actes d’insécurité. Cette cartographie permettra en outre aux agents de police de mener des actions de type embuscades. A titre d’exemple, à l’endroit appelé digue à Douala, vous pouvez être sûr que si vous garez votre voiture après 22H dans cette zone industrielle, en moins de 5mn vous verrez débarquer des gens qui viennent vous agresser. De nombreux groupes de brigands peuvent ainsi être arrêtés à travers le territoire. De même on saura par exemple que pendant les fêtes, il convient de mettre plus de forces à tel ou tel secteur.
2) Application des mesures d’assainissement à la police et police au service des citoyens
Les mesures que nous avons évoquées par ailleurs (lutte contre la corruption, poursuite d’objectifs et primes au mérite) seront mises en application dans la police. Ceux-ci auront véritablement intérêt à s’attaquer aux crimes et délits avec priorité sur les plus graves.
Nous veillerons aussi à ce que la police soit au service des citoyens sans que ceux-ci ne la voient comme un service payant. Les exemples sont légion où des personnes attaquées se voient rétorquer que pour que la police se déplace, elles devront mettre l’essence dans la voiture. Les appels au poste de police seront donc enregistrés pour éviter ces dérives.
3) Etat non policier
Dans la lutte que nous entendons mener, nous devons aussi veiller à ce que les dérives soient contenues dans la mesure du possible. Nous avons déjà parlé de l’escalade qui a abouti à la disparition des « neuf de Bépanda ».
Les armes que les forces de l’ordre utiliseront pour le maintien de l’ordre, ie pour ne pas tuer (nous rappelons que les forces de l’ordre ne sont autorisées à tirer pour tuer qu’en cas de légitime défense ou qu’en cas de flagrant délit de lutte contre des individus armés et prêts à tuer) devront avoir été validées comme non létales. Pour encadrer une manifestation, pour intervenir dans un vol à l’étalage par un gamin, les policiers n’ont pas besoin d’avoir des armes à feu. Il faudra donc qu’ils s’équipent d’autres types d’armes (flash-ball, matraques, etc.). Nous rappelons que dans certains pays, les flash-ball, les tasers par exemple ont entrainé la mort. Ce que nous demanderons, pour s’assurer que ces armes ne sont en effet pas létales, c’est qu’elles soient « testées » par les responsables avant d’être appliquées aux populations. Ministre de l’intérieur, DGSN seront donc soumis à ces utilisations pour que l’on s’assure que les citoyens qui viendraient à avoir à faire à la police ne subissent pas des traitements inhumains.
4) Association des citoyens
Nous encouragerons aussi les collaborations entre les comités de surveillance de quartiers et les forces de police. Ceci aura deux buts.
- faciliter l’intervention rapide des forces de l’ordre une fois qu’une attaque est identifiée dans un quartier
- Empêcher les exécutions sommaires des brigands arrêtés comme c’est souvent le cas. Cela ne doit pas avoir lieu dans un état de droit. Disons quand même que si cela arrive c’est parce que les citoyens n’accordent aucun crédit à la justice et aux prisons du pays. Elles estiment donc qu’il faille qu’elles se rendent justice elles-mêmes. Nous avons déjà fait une proposition sur les moyens d’améliorer la justice [Quand je serai président (18): Une justice fiable et de qualité ], et nous en ferons une sur le traitement des prisons.
Citons à ce titre une excellente initiative à Maroua et Kaélé où la police, la gendarmerie et les quartiers se sont alliés. Une ONG a distribué des sifflets et des téléphones portables pour faciliter les alertes et les communications en cas de problème [Initiative Maroua et Kaélé]. Une expérience enrichissante qui devra être étendue si elle est concluante.
Eventuels effets de bord :
Non identifiés.