J’ai eu l’occasion récemment de lire que Quick avait décidé de faire des magasins tout Hallal, implantés dans des quartiers à forte dominante musulmane et où l’on n’aurait que des produits Hallal. Par exemple, plus de menus à base de porc.

http://eco.rue89.com/explicateur/2010/02/18/quick-halal-est-ce-une-discrimination-de-changer-le-menu-139285

http://eco.rue89.com/2010/02/16/quick-a-t-il-raison-de-bannir-le-porc-de-ses-restaurants-halal-138839?page=0#commentaires

En lisant les commentaires en bas de page, j’ai été assez sidéré qu’une telle décision (celle de Quick) puisse choquer. Heureusement il y a des commentaires qui contrebalançaient les premiers.

La substance des commentaires qui m’étonnent peut être subdivisée de la manière suivante :

-          C’est une discrimination pour les non musulmans : Ils n’ont plus le droit de manger dans ce Quick, d’autant plus que Quick est une société appartenant à des fonds publics.

-          C’est le recul de la laïcité et l’avènement du communautarisme sur la place publique

-          Si j’y vais et que je commande quelque chose, une partie de cet argent va à des organismes de certification Hallal, et donc musulmans, et je refuse de subventionner des organisations religieuses

Voilà en substance les arguments de ceux qui bien entendu ne se disent pas racistes, et parfois clament des valeurs louables comme la laïcité. Examinons de plus près, ces arguments

a)      Discrimination contre les non-musulmans.

Le maire socialiste de Roubaix a entrepris de porter plainte contre Quick pour discrimination contre les non-musulmans. Je pensais que la discrimination s’éxerçait à l’encontre d’une « communauté » (ex : les Juifs, les Noirs, les Homos, les Femmes, les handicapés, etc…). On apprend donc que les « Non-musulmans » sont une communauté. Et si on peut identifier ce qui unit les Juifs (leur religion), les femmes (leur sexe), les noirs (la couleur de leur peau), on est bien obligé de dire que ce qui unit cette communauté nouvelle c’est le fait qu’ils ne soient pas musulmans. Le Musulman est dès le début déjà mis à l’écart.

Continuons. Je vais maintenant prendre quelques exemples (dont certains auront été copiés des commentaires de ces articles)

-          Quand en plein paris, on trouve des salons de coiffure réservés aux cheveux afros (ie que les cheveux de Blancs ne peuvent absolument pas être traités dans ces salons), pourquoi personne ne crie à la discrimination contre les « non-Noirs » ? Pourtant dans un restaurant Quick Hallal, les non-musulmans s’ils le veulent peuvent rentrer et se faire servir, de la même manière qu’un musulman (ce qui n’est pas le cas dans un salon afro). L’exemple du salon afro peut être étendu aux restaurants végétariens, indiens, fruits de mer (là aussi pas de porc), aux magasins pour grande taille, etc… J’ai même vu un commentaire qui disait « mais là ce sont des magasins de destination (ie on sait en y allant que c’est cela qu’on aura) alors que Quick n’est pas un magasin de destination ». Faux parce que Quick est un magasin de destination (fast food, on ne s’attend pas à y trouver du bœuf bourguignon ou du château latour 82), et que les magasins Quick Hallal sont aussi des magasins de destination dans la mesure où ils annoncent qu’ils ne font que du Hallal.

-          Quand tout un chacun au coin de la rue achète un kébab, est il sans ignorer que venant de pays « musulmans » et à la base destinée à cette population, ce qu’on y mange est aussi Hallal ? Pourquoi ne crie t’on pas à ce fameux communautarisme ?

-          Ces magasins ne sont pas interdits aux non musulmans, et on peut aller ailleurs si on n’aime pas le Hallal ou si on veut manger du porc.

b)      Recul de la laïcité

Argument des bien-pensants. Mais la laïcité n’est pas la mise au placard des signes religieux (surtout les signes religieux venant de la même religion dont le nom commence par I). La laïcité c’est la distanciation de l’Etat de la sphère religieuse, privée, ce qui garantit que chacun puisse vivre sa confession (religieuse ou athée) sans entrave. Quand par exemple lors des récents débats sur la Burqua, Copé  le chef des députés UMP (majorité parlementaire), parmi les arguments qu’il utilise dit «  De plus la Burqua n’est même pas dans les préconisations religieuses de l’Islam ou dans le Coran » qu’est ce là qu’une violente atteinte à la laïcité ? Est ce à l’Etat de dire comment quelqu’un doit interpréter sa religion ? Doit-on obéir forcément aux recommandations religieuses d’institutions agrées par l’Etat ? Est ce cela la laïcité ? Non. La laïcité c’est la possibilité d’interpréter les textes religieux tant que l’on ne nuit à personne. Si des gens pensent que leur religion les oblige à ne manger que du hallal, et qu’il se trouve exister des commerçants pour leur vendre du Hallal, en quoi peut on parler d’atteinte à la laïcité ? Quand pendant longtemps, les musulmans n’ont pas eu accès, dans les hyper marchés, dans les Quick aux produits qu’ils estiment nécessaires, il était normal d’invoquer la logique commerciale (on ne peut pas obliger un magasin à vendre du Hallal. Il fait son étude de marché). Et quand au nom de cette même étude de marché, une chaine de restaurant décide quelques uns de ses magasins au tout Hallal, on invoque une soi disant laïcité.

Argument bancal, n’est il pas.

c)       Refus de subventionner des organisations religieuses

Sans doute issue de la laïcité, certains invoquent aussi cet argument pour réclamer la fermeture de tels établissements. Par contre, ils ne réclament pas la fermeture des églises où lors de la quête, tout l’argent qu’on donne va directement à des organismes religieux. Que font-ils s’ils sont contre les subventions religieuses ? Ils ne donnent pas d’argent à la quête s’ils ont le « malheur » de se retrouver dans une église au moment d’un office (même pour le baptême de leur neveu préféré). Ou alors ils donnent, mais choisissent juste de s’indigner dans ce cas précis. Messieurs (et mesdames), si vous ne voulez pas subventionner les organismes Hallal, ne mangez pas de produits Hallal. Le jour où ça deviendra une obligation d’en manger, vous pourrez invoquer de tels arguments.


Après ce rapide aperçu, je me permets de conclure qu’aucune des raisons qui suscitent l’indignation face à ce Quick n’est fondée. Que reste-t-il alors ? Un indice « Identité nationale, Burqua, minarets, musulmans, xénophobie ». Pour terminer, et sans verser dans l’attaque Ad Hominem facile, je rappellerais que c’est Marine Lepen qui a mis ce fait dans les médias en Février en pleine campagne pour les régionales alors même que l’expérimentation de Quick dure depuis Novembre…

 

Je pense que cela dit tout.

 

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