Quand Informatique et Jésus se rejoignaient...
20 mai 2011
On a coutume de dire que science et religion ne font pas bon ménage. Aujourd’hui, humoristiquement nous le précisons, nous allons essayer de les réconcilier, notamment Jésus avec l’Informatique. Le lien me direz-vous ?
Eh bien tout le monde connait le fameux principe que les informaticiens partagent : Dans le doute, reboote. Principe selon lequel un ordinateur garde tellement de choses en mémoire qu’il peut entrer dans un mode de fonctionnement défectueux. Pour revenir à un fonctionnement normal, il faut alors libérer tous les « process » occupés, histoire de tout réinitialiser, et cela se fait par un redémarrage de l’ordinateur (un reboot).
Le lien avec Jésus ? Nous rappelons que nous avons dit que ce lien était un peu humoristique. En tout cas, Jésus a déclaré dans Matthieu
Jésus, ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d'eux,
et dit: Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux.
C'est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux
Vous ne voyez toujours pas le lien ? Je n’en aurais vu aucun si je n’étais pas tombé en début d’année sur un article de sciences et vie parlant de ce à quoi pensaient les bébés. Et ils disaient que les enfants avaient un cerveau qui absorbait tout, sans préjugé ou idée préconçue. C’est pour cela qu’un bébé peut rester de très longs instants avec des jouets colorés qui bougent. Les bruits, les odeurs, les couleurs et les mouvements sont un spectacle permanent qui l’occupe, comme si c’était la première fois. Cerveau qui reboote sans cesse et lui permet d’appréhender le monde sans préjugé. Et c’est quand il a l’impression d’avoir bien tout assimilé qu’il peut avoir envie de changer de distraction. C’est aussi pour cela que les tout petits peuvent regarder encore et encore le même dessin animé, ou demander encore et encore la même histoire. Nous avons une explication dans le lien suivant http://www.slate.fr/story/9245/%C3%A0-quoi-pensent-les-bebes
Un enfant plus grand ou un adulte, partira du principe qu’il connait déjà le bruit, l’odeur, la couleur, et que cela ne vaut pas la peine de s’y arrêter, pour concentrer son énergie sur autre chose qu’il estimera plus importante. C’est en cela que l’on peut parler de manque d’humilité, chose dont parlait Jésus. Vous voyez, le lien est assez distendu, mais le sujet qui m’intéressait était celui-ci : La nécessité de traiter avec les gens sans préjugé, d’opérer un reboot chaque fois que l’on est dans une situation nouvelle caractérisée par le triptyque (action, personne, instant).
En effet, très souvent, nous jugeons les gens, non pas sur ce qu’ils font ce que nous devrions faire si l’on considère que les hommes sont égaux (voir définition [Les hommes sont égaux: Définition ] dans la rubrique [Egalité ]). Si les ordinateurs conservent certaines chosent en mémoire, en cache, et si les humains ont développé la faculté de ne se concentrer que sur l’essentiel (on évite la perte de temps consistant à retraiter n fois la même information. Par exemple, on ne met pas le même protocole de test de la nourriture du roi qui dine chez son pire ennemi que quand il dine chez sa mère parce qu’il y a l’a priori positif sur la mère), il demeure néanmoins que des dérives (sur le plan de l’égalité) certaines existent. Des dérives qui peuvent consister à juger non pas l’action d’un individu, mais à considérer a priori que
- puisqu’il EST de tel groupe sur lequel nous avons un a priori alors cela ne vaut pas la peine de juger ses actions, on peut juger directement le groupe (il est Noir, il est donc bête. Il est musulman, il est donc dangereux. Il est homosexuel, c’est donc un suppôt du diable. C’est une femme, que peut-on attendre des femmes ?). Autant de préjugés qui constituent là des ruptures d’égalité.
- Puisqu’il a déjà fait telle chose, ou au contraire qu’il ne l’a jamais faite, alors dans le futur il fera toujours cette chose, ou ne la fera jamais. Ici aussi l’on ne juge pas l’action de la personne, mais on utilise le passé comme juge. Ce qui fait que pour la même situation, on aura tendance à juger plus sévèrement celui qui a un passé sulfureux (ou qui appartient à un groupe jugé plus malfaisant, voir paragraphe précédent) que celui qui a un passé plus lisse. Par exemple, vous risquez d’être condamné plus facilement si vous êtes un Noir de Harlem déjà condamné pour viol qu’une fille accuse de l’avoir violée dans le miteux hôtel que vous habitez que si vous êtes un riche directeur du FMI dans une suite de luxe qu’une soubrette accuse des mêmes faits. Dans un cas, pas beaucoup d’émotion. Dans l’autre on entend tout de suite dire « je le connais, il n’est pas comme ça » (préjugé qui induit qu’il ne peut pas commettre une telle action, donc qui rompt la nécessaire lucidité requise pour juger les faits). Ce type de phrase, on l’a aussi entendue (dédicace à Briwill) quand certains disaient « il n’est pas raciste, sa femme est arabe » alors que le monsieur avait énoncé des propos racistes. Qu’il soit raciste ou pas n’a pas d’intérêt. L’action à juger, est celle de savoir si les propos étaient racistes. Rupture d’égalité.
Il est donc nécessaire, quand on juge les gens, et dans la mesure du possible, il faut donc ne se concentrer que sur les actions et pas sur les personnes (ou ce que l’on pense d’elles). Faire un reboot et ne considérer que l’action à juger.
Pour l’anecdote, je suis tombé en 2006 sur un article de Marcellin Ottou où il apparaissait comme complètement homophobe. Moi qui aimais bien ses chansons m’étais senti obligé à l’époque de rejeter non seulement la personne (jugée homophobe du fait de ses propos) mais aussi son œuvre. Ce qui comme l’article présent l’indique, est à éviter. C’est aussi pour cela que les frasques du footballeur ne doivent pas nous empêcher d’apprécier son talent.
Ne jugeons que les actions, des propos homophobes et un bon morceau de musique…