Bonjour les gos

Bonjour les djos

 

J’espère que vous avez pris les bonnes résolutions pour cette nouvelle année. Moi pas. Je suis déjà comme il faut. C’est ce que les dragueurs de pacotille passent le temps à me dire.

Dis-donc, amis lecteurs, ça fait longtemps hein ! Vous devenez même quoi ? Moi ça va. En tout cas, ça va mieux. Que j’ai eu quoi ? Gars, on m’a touchée. Dans tous les sens du terme. Et ça, voyez-vous, ça fait mal à l’orgueil. Laissez-moi vous narrer l’histoire.

 

C’est l’histoire d’un mbenguiste qui m’a fait ça dure. D’où le titre de l’article « à Bas les mbenguistes ». Pour les non K-Mer, un mbenguiste est un compatriote expatrié (de préférence en occident) qui revient nous rendre visite. Nous, rombières et gratteurs, nous présumons qu’ils sont gênés par des euros dont il faut qu’on les déleste. Pour leur bien bien sûr. Cela se traduit  par l’adage « à bas les Mbenguistes ». Dans cette position (couchée), ils sont très dociles. Et nous on a les euros.

Moi vous me connaissez, je suis la meilleure des rombières. J’ai un réseau de rabatteurs qui me trouvent les proies. Il n’y a pas deux pour leur faire entendre qu’ils m’auront. Même si ils sont rares ceux qui y arrivent. C’est dans ces conditions qu’un de mes bons petits me met sur la piste d’un mbenguiste, un mougou des mougous qu’il me dit. « ça va être trop facile. La mère ne m’oublie pas quand tu vas le gratter ! »

 

Une approche comme ça, ça ne peut que me plaire. Je regarde le gars. Petit costume. Il passe à côté de moi. Parfum agréable. Petit sourire. Merde, le gars donnait. Si je n’étais pas rombière, je pouvais tomber amoureuse comme les blagues. Mais je suis une rombière. Et j’ai le sang a l’œil. Par « hasard », je me retrouve face à lui. Je mets le paquet : œillade, sourire émerveillé, lèvres entrouvertes. Résultat, nous entamâmes la conversation. Le gars me dit qu’il est toujours entre deux avions, qu’il a une vie trépidante, bref la réussite professionnelle. Mais un point noir. Les femmes. Il a trop souffert. Il me dit que s’il s’écoutait, il se laisserait tenter par moi. Mais qu’il a un peu peur. Je souris in petto. J’ai devant moi un mougou en puissance. Je lui dit que je ne suis pas une diablesse. Qu’il peut avoir confiance. Un gars s’approche de lui, et lui parle à l’oreille. Je l’entends dire « combien ? ». Le gars lui répond dans le creux de l’oreille. Ni une ni deux, il plonge sa main dans son costume. Je peux voir qu’il y a plusieurs enveloppes. Il en ressort une et l’entrouvre. Je vois ce que je cherchais : Les euros. Et une bonne quantité vu le volume. Il dit au gars « Il y a 300 là dedans, Dis lui que je n’ai pas encore les CFA. Achète. Tu me donneras le reste quand tu auras changé en CFA demain. Et ne me dérange plus pour ce soir. Tu ne vois pas que je suis occupé ?»

 

Mamma ! 300 euros, et le gars lâche ça comme ça ? Donc toutes les enveloppes (au moins 10) qu’il y a dans ses poches là ont cette somme ? Je vois déjà tout ce que je peux faire avec. Le gars me demande si on ne part pas chez moi ? Je lui réponds « oui bien sûr mon chou ». Ne riez pas, j’aime beaucoup le chou. On sort de la boite. Il me demande si je n’ai pas de voiture. Je lui dis que la voiture est au garage, et le garagiste traîne. Il me dit les mots que j’aime entendre.

-          Combien ?

-          75 mille.

-          AH, c’est un petit problème. Tu as combien sur toi ?

-          50 mille

-          Donne-les-moi. Voici une enveloppe de 300 euros. Ça suffira pour le garagiste ?

 

Et il m’embrasse. Ça a fait comme dans les films. Mes jambes flageolaient. J’ai quand même eu la lucidité d’’échanger nos pactoles. 50 mille contre 200 mille. Qui dit mieux. Nous primes un taxi. A l’intérieur ? Séance de pelotage grandeur nature. Le taximan zigzaguait à force de nous guetter par le rétroviseur. Nous arrivâmes chez moi. Est-ce que je sentais même encore la douleur de mes talons ? J’étais en haut ! Un beau gosse aux bras, 150 mille gagnés comme un jeu. Je vous jure que je lui ai sorti toutes mes bottes secrètes. Il a aimé apparemment. Et moi j’ai aimé ce qu’il faisait.

Quand on a eu fini, il m’a dit

-          Mais Smöln, je n’ai même pas ton numéro. Donne-le-moi. Je pose ma carte sur ta table de chevet. Je dois faire une petite course là. Je reviens vers 12H. On va bruncher. Je te ramène quoi ?

-          Oh mon chou, m’entendis je minauder (à ma grande surprise), ramène toi surtout. Je garde le lit bien au chaud. Tu m’as épuisée.

 

Je me suis réveillée vers 13H. Le gars n’était pas là. J’ai tendu la main vers la table de chevet, pour avoir son numéro. J’ai ramené une carte d’un restaurant. J’ai commencé à avoir peur. Je me suis précipitée dans mon sac. L’enveloppe était toujours là. Je l’ai ouverte. Et là, stupeur et stupéfaction : Des coupures de journaux, en forme de billet de banque. Le gars m’avait eue. Moi la rombière. Quel coup, au portefeuille, et au moral surtout. Le gars me b… et je le paie, alors que d’habitude c’est le contraire. Bref.

 

Un mois plus tard, alors que je commençais à digérer, je prends l’avion pour me rendre de Douala à Yaoundé. Nous étions déjà installés, en attente du décollage. Et que vois je sur le tarmac ? Mon mbenguiste en tenue de bagagiste. Ces gens là qui chargent et déchargent l’avion. Il ne m’avait pas menti quand il disait qu’il est toujours entre deux avions ! Il était en train de faire des tours de magie à ses collègues. J’eus l’explication sur la disparition de l’argent…

 

La phrase choc: Sache que quand tu calcules celui qui est devant toi, celui qui est derrière toi te calcule aussi. Et comme la terre est ronde, c’est parfois le même...

 

 

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La rombière de Sadi: A bas les Mbenguistes...
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