Nous avons, dans le cadre de la rubrique [Egalité ], eu à discuter de l’égalité entre hommes (voir définition [Les hommes sont égaux: Définition ]). Dans cette discussion, nous avons eu à dire qu’il y avait rupture d’égalité dès lors que les hommes n’étaient plus seulement traités selon ce qu’ils faisaient mais selon ce qu’ils étaient. Ainsi une discrimination (positive ou négative) basée sur la couleur de peau (par exemple ne défendre que les Noirs en souffrance quand on est Noir), discrimination qui dans ce cas s’appelle racisme, une discrimination basée sur la couleur de peau disions nous s’attaque à ce que les gens sont. Il s’agit donc d’une rupture d’égalité.

          La question du présent article consiste à traiter des discriminations qui sont faites, au sein d’un Etat par exemple, sur la seule base de la nationalité (visa, préférence nationale, etc.), de même que les discriminations qui sont faites par les individus toujours sur cette base là (chauvinisme sur les compatriotes, soutien indéfectible, etc.).


          Dans un article précédent [ Egalité: rappel du cadre de la rubrique ], nous avons eu à préciser que notre discours ne pouvait se situer qu’entre une autorité et des personnes soumis à cette autorité, autorité devant veiller à traiter toutes ces personnes de manière égalitaire ET veiller à ce que des traitements inégalitaires n’aient pas cours entre ces personnes. Si je reprends un paragraphe de cet article :

          Nous pensons que dès lors qu’une autorité est aux prises avec des individus sous son autorité, il faut promouvoir ce principe d’égalité.  Dans une relation entre une autorité et des individus, les sentiments n’ont pas leur place. On ne demande pas à un père d’aimer ses enfants de manière identique, on lui demande de leur donner à tous et selon ses possibilités, les moyens de bien rentrer dans la vie. On ne demande pas à un chef de village d’aimer ses affidés de la même manière. On lui demande de les traiter de la même manière ses « sujets ». On ne demande pas au juge d’aimer de la même manière son épouse et les justiciables. On lui demande de les traiter avec les mêmes lois. On ne demande pas au patron d’entreprise d’aimer les filles brunes et les filles noires de la même manière, mais on lui demande d’appliquer les mêmes critères de performance dans le recrutement et le traitement de sa secrétaire.


          Et l’un des exemples les plus représentatifs d’autorité qui soit est l’Etat. Partout dans le monde, des hommes pour des raisons plus ou moins judicieuses, ont décidé de découper la planète et de se réunir en nations, en Etats. C’est une situation qui est actée. Et ces autorités exercent cette autorité sur les ressortissants de ces Etats. Oui, mais aussi sur toutes les personnes vivant dans ce pays, étrangers y compris. Nous avons donc là une autorité devant traiter « à égalité » ses sujets, qu’ils soient étrangers ou ressortissants du pays. Analysons quelques exemples pour détecter dans les cas usuels, la discrimination quand il y en a.


Un Etat doit il imposer des visas d’entrée ? Dans l’article sur les lois, nous avons dit que les lois égalitaires devaient avoir pour but d’empêcher des dégâts sur les citoyens et/ou sur la société. Un Etat doit donc bâtir des lois (impôts, aménagement du territoire, voirie, etc.) qui pour être efficaces ont  besoin a minima d’une estimation de la population, de sa répartition, de ses occupations. Pour l’individu qui n’est pas encore sous l’autorité de cet Etat, pour celui qui souhaite y rentrer, il est donc tout à fait normal qu’il se fasse connaître. C’est par le truchement d’un visa que cela arrive, le visa est alors un contrat par lequel l’individu rentre dans le giron de l’Etat, contrat pouvant être temporaire.. De même, pour ces individus qui n’appartiennent pas encore au giron de l’Etat mais qui souhaitent y rentrer, il est normal que cela soit plus facile d’obtenir ce visa pour ceux qui évoluent dans une filière où manque la main d’œuvre que pour une filière avec 50% de chômage. Il s’agit là d’une discrimination basée sur ce que les gens font.


Traitement des étrangers légalement admis : Au vu de tout ce qui précède, il est évident que pour ne pas rompre l’égalité, l’Etat devra les traiter exactement au même titre que les Nationaux, et devra veiller à lutter contre les discriminations à leur encontre. Discriminations à l’embauche, au logement, dans les salaires, dans les prestations sociales, etc. Nous pouvons ajouter que pour un Etat véritablement égalitaire, pour ce type de personnes, l’accession à la nationalité doit être quasi automatique pour ceux qui le souhaitent.


Traitement des étrangers en situation irrégulière : Nous avons dit que les étrangers en situation régulière avaient signé un contrat pour appartenir au giron de l’Etat et étaient de fait des citoyens comme les autres (en pays égalitaire). Qu’en est des étrangers en situation irrégulière, n’ayant donc pas signé ce contrat ? Doivent-ils être discriminés ? La question est ouverte. Mais refermons-la tout de suite en disant que même ceux-ci sont de facto sous l’autorité de l’Etat. La même police les contrôle, les mêmes hôpitaux les soignent, les mêmes péages les attendent sur l’autoroute. L’Etat, à notre sens, s’il ne souhaite pas leur présence doit faire le maximum avant qu’ils n’entrent sur son territoire. Une fois qu’ils y sont, Il peut les régulariser, ou sinon, les traiter comme les citoyens autres tant qu’ils restent sur le territoire. Nous parlons là d’expulsions vers les pays d’origine. Aujourd’hui même, la France a ratifié une directive européenne qui interdit les embastillements d’étrangers en situation irrégulière en attendant leur expulsion. Les expulsions ne sont néanmoins pas interdites. Cela va dans le sens du présent paragraphe.

 


          Orientons maintenant cet article vers les individus. L’individu qui aime plus un pays qu’un autre commet il une discrimination ? Non car il a le droit d’aimer ce qu’il veut. Il a le droit d’aimer son pays. Tout comme il a le droit de ne plus rien avoir envie de faire avec son pays d’origine. Il a le droit d’aimer d’autres pays. Il a le droit de demander à changer de nationalité, pour signer un contrat avec le pays de son choix. Il a le droit d’œuvrer pour le développement de tel ou tel pays en particulier, et pas d’un autre.

          Par contre le patriotisme, le chauvinisme, sont une mauvaise chose dès lors que l’on rattache à un pays une supériorité intrinsèque sur les autres. Ainsi tout ce qui serait camerounais (du pays et des citoyens) serait au dessus de tout ce qui n’est pas camerounais. C’est la négation de l’autre et l’abolition du traitement (jugement) par les actions. Ainsi, je peux aimer les lions indomptables, ou les Bleus, mais accepter qu’ils puissent être battus par plus forts qu’eux le jour du match. Les violences qui découlent d’oppositions sportives viennent de cet état de fait.

          De même, celui qui aime quelqu’un parce qu’il est de telle ou telle nationalité commet là une discrimination basée sur la nationalité.

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