Il est communément admis que l’origine de travail découle de « Tripalium », un instrument de torture à trois pieds. L’idée serait alors de dire que dans le travail, il y a nécessairement la notion d’efforts : Tu mangeras à la sueur de ton front ! Ce qui est communément admis n’est pas nécessairement la vérité. Regardons les fonctionnaires de l’Etat du Cameroun. Peut-on dire qu’ils triment comme des forçats ? L’administration est-elle au moins performante ? Aux lecteurs qui comme moi pensent que la réponse est négative, la suite de l’article illustrera cette inefficacité et montrera comment la situation sera améliorée quand le MRC arrivera au pouvoir…

Imaginez la scène : Un homme se lève tous les matins aux aurores. Il prend sa pelle et sa pioche et jusqu’au coucher du soleil, il travaille acharnement la terre. Subit il la morsure du soleil ? Oui ! Y met-il énormément d’efforts ? Oh que oui ! Travaille-t-il ? Avant de répondre trop rapidement, considérez ceci : Du matin au soir, il creuse des trous qu’il rebouche ensuite. Rebelote le lendemain. Répondons de nouveau. Travaille-t-il ? La réponse est NON ! En effet, travailler c’est produire quelque chose (bien, service) que quelqu’un d’autre est prêt à acheter. Autrement c’est un loisir, une occupation, une punition, ce qu’on veut, mais pas du travail.

Il n’est pas inopportun de se demander si l’administration Camerounaise travaille, au sens qui vient d’être défini. Que produit elle ? Qui est prêt à payer ce qu’elle produit ? L’Etat ? les contribuables ? Les défis que doit relever le Cameroun sont immenses. Il n’existe que trois instruments à la disposition des gouvernants pour relever ce type de défis : Les lois, les moyens financiers, et l’administration (l’ensemble des fonctionnaires). C’est en effet l’administration qui devra mettre en branle la politique de Renaissance du Cameroun. Revenons donc à la question. L’administration Camerounaise travaille t’elle ? Considérons les faits suivants :

  • Le PM a eu à faire des descentes dans les administrations pour « voir » si les fonctionnaires étaient bien à leur poste. Le ministre LE, de la fonction publique, a même dit que désormais ça suffisait.
  • Il y a en permanence des opérations d’apurement du fichier solde de l’Etat qui retrace les versements que l’Etat fait aux fonctionnaires. Il y a eu un retentissant procès où le responsable de la cellule informatique du Ministère des Finances a été condamné pour avoir « payé » plus de 2000 fonctionnaires fictifs.
  • Lors de son discours de fin d’année, le chef de l’Etat a indiqué qu’il fallait contenir les dépenses de fonctionnement. Son SGPR a ensuite enjoint aux ministres de contrôler et valider les déplacements à l’étranger à cet effet.

Ces trois exemples illustrent le fait qu’il est possible dans l’administration de ne pas venir travailler sans que cela n’impacte les résultats produits par l’entité ou l’administration entière. En effet, payer 2000 personnes sans production en échange l’en atteste. Tout comme les déplacements à l’étranger. On les interdit, mais qu’étaient-ils censés aller y faire ? En quoi ces déplacements concourent à l’amélioration des résultats de leurs entités respectives ? On n’en sait rien. Ils sont punis juste parce qu’il faut faire des économies. Si des absents peuvent être payés sans que l’on s’en rende compte, c’est que les présents peuvent être là sans que l’on se rende compte de ce qu’ils produisent.  Et c’est de l’argent public. Beaucoup d’argent public. Dans le budget 2024 des dépenses, les seules dépenses de fonctionnement représentent plus de 22% du total des dépenses.  

Les Chroniques du jeudi: Le MRC, pour une administration performante...

Bien que l’on soit théoriquement passé d’un budget de moyens à un budget d’objectifs, cela ne se voit pas réellement dans l’élaboration du budget. D’une part, mais nous aurons l’occasion d’y revenir dans de prochains articles, les objectifs sont souvent mal définis. D’autre part, dans tous les chapitres ministériels, on retrouve un objectif ne correspondant à rien : Taux de réalisation des activités approuvées / budgétisées par le Président / le ministre. Quelles activités ? Comment le parlement peut il contrôler une telle formulation ? Petit florilège à travers les quelques exemples ci-dessous (naviguez avec les flèches).

Les Chroniques du jeudi: Le MRC, pour une administration performante...
Les Chroniques du jeudi: Le MRC, pour une administration performante...
Les Chroniques du jeudi: Le MRC, pour une administration performante...
Les Chroniques du jeudi: Le MRC, pour une administration performante...
Les Chroniques du jeudi: Le MRC, pour une administration performante...

Ces activités représentent en réalité les charges de fonctionnement, entité par entité. L’inconvénient est que celles-ci ne sont pas directement rattachées à une quelconque notion de performance, ou d’objectifs. On est exactement dans un engagement de moyens. Pour que l’on comprenne bien, considérons que l’administration doive remplir les 5 missions suivantes. , on définira des indicateurs de performances (ceux que l’on doit justement retrouver dans un budget par objectif). Cela nous donne.

  • Délivrer des CNI (CNI délivrée en 2 jours)
  • Délivrer des titres fonciers (Titre foncier en un mois, registre public des transactions des terrains et parcelles)
  • Faire baisser la délinquance (Connaître les chiffres de faits par millier d’habitants, faire baisser le chiffre de 10 points)
  • Baisser la récidive des personnes condamnées (Taux de récidive des personnes condamnées en dessous d’un certain seuil)
  • Augmenter l’employabilité des diplômés de l’enseignement supérieur (Taux de chômage des diplômés en dessous d’un certain seuil)

Toutes les charges de fonctionnement devant contribuer à l’atteinte de ces objectifs doivent être financées par le budget lié à ces objectifs. Ce n’est pas ce qui est fait. Ce qui laisse la possibilité d’avoir une administration qui travaille sans que cela soit rattaché à un des objectifs validés à l’assemblée nationale. D’où la catastrophe que l’on voit dans le graphe ci-dessous où l’on affiche les structures qui ont plus de 45% de dépenses de fonctionnement (non rattachables à des objectifs identifiés)

Les Chroniques du jeudi: Le MRC, pour une administration performante...

Pour sortir de cette situation (inefficacité de la dépense publique et absence d’objectifs, donc peu de chance de performer, donc insatisfaction de l’usager), Il faut deux outils

  • La définition des objectifs et le suivi de leur atteinte
  • Le monitoring du coût nécessaire à cette atteinte car c’est de l’argent public qui doit être correctement utilisé pour ne pas ajouter l’injustice à l’inustice, comme nous l’avons vu ici

C’est ce que le MRC propose dans son programme politique. La rationalisation de l’administration est un impératif pour l’Etat, vu comme le principal levier du développement. Deux principaux axes :

Les ressources humaines

  • Mise en place d’une politique de gestions des RH garantissant la mobilité, l’adéquation entre les compétences et les besoins du service public
  • Formation des personnels à l’accueil du public
  • Formation continue des agents, notamment dans les fonctions techniques
  • Maitrise des effectifs par l’assainissement du fichier solde
  • Politique d’accès à la fonction possible avec intégration progressive de talents issus du secteur privé
  • Bilinguisme obligatoire à moyen terme pour les agents en contact avec le public.

La performance

  • Définition des objectifs liés à chaque poste de travail et benchmark du coût nécessaire pour atteindre l’objectif par rapport aux pays similaires.
  • E-administration : Gestion informatisée des opérations et dématérialisation des documents émis
  • E-services : Plateforme d’accès aux services, garantissant l’accès à la bonne information et la diminution des temps d’attentes dans les files devant les bureaux administratifs
  • Lutte contre la corruption : Facteur pénalisant l’économie, les usagers et leur droit d’accéder librement à ses services de qualité.
  • Décentralisation de la prise de décision quand c’est possible. Les meilleures pratiques pourront ainsi être répliquées dans les autres administrations. La performance sera mesurée par le coût nécessaire à l’atteinte de l’objectif.
  • Réduction des dépenses de fonctionnement, notamment les avantages et rémunérations des dirigeants

 

Ces mesures dont de nature à redonner envie aux populations de recourir aux services publics (au lieu, comme actuellement, de les affronter) et même de redonner aux enfants l’envie d’être « public servant ». Entrer dans la fonction publique, non pas parce qu’il n’y a rien d’autre et c’est la dernière branche à laquelle se rattraper, mais parce que ce sera une voie efficace et méritoire de contribuer à la Renaissance du Cameroun…

Retrouvez les autres chroniques paraissant tous les jeudis . 2025 ou avant…

Retour à l'accueil