Les nouvelles fables de Jean d'Andjeng : Les passagers clandestins...
29 mars 2024Regardez-le ! Le lièvre, il court partout, bondissant. Savez-vous ce qu’il fuit ? Il fuit la colère de l’hippopotame et de l’éléphant qu’il a escroqués. Eux qui pensaient bénéficier de la récolte, fruit de leur labeur champêtre n’ont eu que leurs yeux pour pleurer. Comment tout cela était arrivé ? Rembobinons !
Le roi de la savane a ordonné : chacun cultivera un champ d’une surface de côté équivalent à 10 de ses pas. Les fruits de ce champ seront l’unique source de nourriture pour chacun.
Le lièvre, petit malin, fait de grands bonds et obtient un grand champ. Bien plus grand que ses besoins en alimentation. Surtout bien plus grand que sa capacité de travail.
Le lièvre, grand malin, entreprendre de trouver alliés pour exploiter son champ. A l’hippopotame, il dit qu’il travaillera de jour tandis que ce dernier travaillera la nuit. A l’éléphant, il dit qu’il travaillera de nuit, tandis que ce dernier travaillera de jour. A chacun, il dit qu’ils se partageront les fruits du champ.
Le mensonge n’ayant pas de longues jambes, même s’il peut faire de grands bonds, le lièvre fut confondu. Quand éléphant et hippopotame se rencontrèrent au moment de constater le vol de la récolte. Récolte qui avait été particulièrement abondante. Abondante pourquoi ? Parce que quand l’hippopotame arrivait la nuit, il se disait « Mince, le petit lièvre là a beaucoup bossé en journée. Il faut que je lui montre que je peux faire mieux ! ». Et quand l’éléphant arrivait au matin, il s’étonnait « Ce n’est pas possible que ce petit lièvre travaille plus que moi. Il va voir ce qu’il va voir ! »
Ainsi de suite tous les jours. Et quand la fatigue se faisait sentir, il fallait en remettre, pour travailler autant, voire plus, que son partenaire. STOOOP ! Quoi ? des gens qui veulent travailler plus que leurs collègues sans l’assurance d’un gain ? Des gens qui ne se disent pas « bon, je reste tranquille, ce sont les autres qui vont le faire ». Car c’est ce qui est le plus courant. Ça s’appelle les passagers clandestins. Ils veulent monter dans le train, mais ils ne veulent pas payer de ticket.
La maison doit être rangée, mais j’attends que ce soit l’autre qui vienne le faire. Ils veulent un beau champ, mais ils ne veulent absolument pas travailler plus que les autres. Ils veulent le changement et comme ils veulent voir leurs enfants grandir, ce sont les autres qui vont se battre pour ce changement.
C’est le meilleur moyen pour que l’objectif ne soit pas atteint. Lectrice, lecteur, pour ce qui t’importe, prends ta part. Ne regarde pas ce que les autres ne font pas ou font mal. Fais. Et peut-être en te regardant, feront-ils bien…
Moralité : Si ce n’est toi, alors qui ? Si ce n’est maintenant, alors quand ?
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