Les gentils patrons qui créaient des emplois (ou pas)...
08 nov. 2019Le capitalisme est, par défaut, le seul système économique viable. Nous l’avons discuté. Et qui dit « Capitalisme », dit « Capital » et donc « détenteurs de capitaux ». Schématiquement, ce sont les Patrons (et leurs mandataires actionnaires). Les patrons n’ont pas toujours bonne presse, et il est donc normal qu’ils essaient de se défendre en avançant leurs arguments. L’un d’eux est de justifier leur existence et effet bénéfique sur la société parce qu’ils « créent des emplois ». Nous allons examiner cette affirmation dans la suite de l’article…
L’opinion Camerounaise a une tendance anti coloniale forte (et donc anti Française) qui se manifeste régulièrement. Une des occasions récentes a été le retrait de la gestion du Terminal à Containeurs du PAD à Bolloré puis la suspension du processus d’attribution à une société suisse après que Biya ait été en France et ait subi un traitement médiatique favorable de la part du groupe Bolloré. L’ambassadeur de France, interrogé globalement sur le rôle des entreprises Françaises au Cameroun a notamment dit
Vous êtes certes nouvel arrivé à Yaoundé. Mais vous avez pris le pouls. Avez-vous l’impression que Bolloré et les entreprises françaises ont bonne presse au Cameroun ?
Quand je lis une certaine presse, je me dis que certaines entreprises font mauvaise presse. Quand je lis d’autres presses, je me rends compte que ces entreprises contribuent au développement du pays. Vous avez des entreprises françaises qui représentent plusieurs milliers d’emplois. Qui fournissent du travail à plusieurs dizaines de milliers de camerounais. On l’a rappelé à la conférence à laquelle a participé Jean Yves Le Drian, les entreprises françaises au Cameroun, c’est 30% des recettes fiscales du pays.
Ce sont des milliers d’emplois tous les jours au service des camerounais. Donc il ne s’agit pas de savoir s’il y a une bonne image ou une mauvaise image. En tout cas, de mon point de vue. Ce que je vois, ce sont des entreprises qui investissent, qui travaillent, qui font bouger l’économie camerounaise fournissent de l’emploi, de la main d’œuvre, pour le développement du pays. Ça ne s’arrête pas uniquement à ces entreprises emblématiques.
L’ambassadeur Français n’est pas le seul à avancer ce type d’arguments. On les retrouve par exemple chez les admirateurs de cet entrepreneur Camerounais qui va « créer 700 emplois » avec son usine de transformation du Cacao. Et nous sommes nombreux à penser ainsi, dès lors que l’on crée un petit business, on dit fièrement « je fais travailler deux, trois personnes ». C’est bien, mais…
LCCLC - Économie. Première usine de transformation du cacao en Afrique centrale inaugurée ce jour à Kekem. Soit un investissement privé de 100millions$, soit 50milliards de CFA et 700 emplois...
https://www.facebook.com/groups/LCCLC/permalink/2624680674287126/
Mais souvenons-nous que nous parlons de capitalisme. L’objet de celui qui place son capital en investissant est de dégager des bénéfices. S’il n’a pas cet objectif, alors il fait du mécénat, du social, des dons. Auquel cas, les bénéficiaires ne sont pas des salariés. Dans le cas qui nous intéresse, il cherche donc un bénéfice. Pour se faire, il se pose la question suivante : Que dois-je faire pour maximiser mes gains ? Certainement, cette maximisation peut s’accompagner de considérations éthiques (bien traiter les employés, ne pas mettre en danger la vie des clients et des employés, etc.), mais elle demeure. Il vient donc en toute logique que tous les moyens sollicités pour y parvenir ne sont que ça : Des Moyens ! Ainsi ma cible de clientèle est un moyen. Les machines achetées aussi. Le packaging du produit. Et donc également les employés. Il s’agit de ressources : les ressources humaines.
Un patron ne crée donc pas d’emplois. Il utilise des gens pour créer son bénéfice. Et bien souvent il les utilise en les traitant mal. On l’a vu dans ce précédent article. Et même quand il emploie des méthodes plus humaines, l’objectif derrière est souvent de maximiser ses résultats. C’est ce que l’on appelle aujourd’hui « management bienveillant » qui permet de mettre les salariés dans les meilleures conditions pour qu’ils soient au summum de leur motivation. Si le patron n’a pas de main d’œuvre, il ne sera pas capable de produire et donc d’obtenir son bénéfice. Ce sont donc les salariés qui créent le bénéfice du Patron.
S’il n’a pas de marché (y compris si l’environnement économique ne lui permet pas de produire à un prix acceptable par les clients), il ne vendra rien et il n’aura pas son bénéfice. Que fera-t-il ? Il n’embauchera pas, voire il licenciera. D’où les nombreux plans de licenciement économique.
Et quand dans ces cas les Patrons sont accusés de détruire de l’emploi, de délocaliser, ils répondent que c’est la conjoncture qui les y oblige. Ils devraient faire de même quand ils embauchent : C’est la conjoncture qui les y autorise. Un patron ça crée des emplois, et ça en supprime. As long as he sees his benefits…
On pourrait rétorquer que pour le même service, notamment quand la production n’est pas destinée à être consommée localement, l’entrepreneur fait le choix de venir ici plutôt que là. Il choisit Kekem plutôt que Douala. Il choisit son village natal plutôt qu’ailleurs comme ce brave homme. Pourquoi ouvrir son Call Center au Sénégal plutôt qu’au Maroc ? Pourquoi venir faire au Cameroun la banane à exporter en France plutôt qu’en Côte d’ivoire ? On pourrait donc le remercier localement pour ce choix. Remercions-le, mais n’omettons pas de dire que s’il choisit cet endroit, c’est que celui-ci présente un meilleur environnement que les autres, ou au moins un environnement non inférieur aux autres. Et cet environnement est dû aux Infrastructures qu’il y trouvera, à la qualité de la formation des ressources humaines, bref à des facteurs pour lesquels il est complètement étranger. Ce sont ces facteurs qui le guideront dans ses choix. Et puisqu’il n’y est pour rien, il devra à son tour remercier la « communauté ».
Cela permet d’embrayer sur le rôle de l’Etat, malheureusement déficitaire au Cameroun. C’est bien à l’Etat, cette « communauté, de construire le cadre qui incitera les investisseurs à choisir sa ou ses localités. C’est parce que ce cadre est déficitaire au Cameroun que les jeunes restent à l’affut des concours administratifs. Rien d’étonnant quand le Président, dans son discours du 10/09 dernier, pour justifier la non marginalisation d’une région dit que celle-ci a toujours eu vu ses ressortissants nommés à de hauts postes. Il ne cite pas le nombre d’écoles, de km de route, d’hôpitaux, etc. Il parle de nominations. Il enchaîne en concluant
Malgré cela, certains continueront à parler de marginalisation des populations de ces régions. En fait, il y a lieu de reconnaitre, au plan général, que la nature humaine est ainsi faite qu’il n’y aura jamais assez de postes de responsabilité pour satisfaire toutes les régions, tous les départements, les arrondissements, les villes, villages, familles et citoyens de notre pays. Chaque choix continuera de provoquer de la joie lorsque l’on sera distingué et de la tristesse lorsqu’on ne le sera pas.
Cet état d’esprit qui pense que la prospérité vient des postes administratifs et non de la création de richesses, ne peut produire que des résultats médiocres. C’est ce que nous avons. Dans la compétition internationale des Etats, le classement Doing Business permet de classer les pays selon le climat des affaires. Sans surprise, le Cameroun continue de perdre des places d’année en année, pour aujourd’hui pointer à la 167 ème place. Comment ne pas penser à l’engagement pris par M Kamto l’an dernier de ramener le Cameroun dans le Top 50 en 7 ans ?
Irréaliste ? Le Rwanda est 38ème et Maurice est encore mieux classé. Réaliste, sous réserve de volonté. La même volonté que l’on retrouvait dans l’ensemble du programme de kamto et qui justifiait notamment pourquoi j’avais fait le choix de voter pour lui.
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MVK: Pourquoi je choisis Kamto... - le blog mebene
Le 7 octobre approche. Les Camerounaises et les Camerounais leur Président. Il faut que ce soit un nouveau président. L'absence de candidat unique de l'opposition permet-elle quand même d'espér...
http://mebene.over-blog.com/2018/09/mvk-pourquoi-je-choisis-kamto.html
Mais ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini…