Juste avant l’élection présidentielle de l’an dernier, j'ai commis des posts sur mon mur Facebook qui m’ont valu un certain nombre de réactions, approbatrices ou au contraire désapprobatrices. Ces posts disaient mon engagement à me désengager de toute forme d’aide aux jeunes de mon entourage qui s’affichaient, s’engageaient ou votaient pour le candidat sortant du RDPC. Si vous vous demandez si à l’instar de Longue Longue, je vais moi aussi demander pardon, lisez la suite, vous serez peut-être surpris…

Petite aide au calcul à l'usage de ceux qui aiment la sardine (avec le pain)

Je ne sais pas quelles sont les pressions qui ont conduit ce monsieur dans cette posture. Je sais par contre quelles sont les observations, remarques et critiques suite à mes posts. Quels étaient-ils ? Le premier, ci-dessous, disait que je ne pourrai plus venir en aide aux jeunes qui voteraient RDPC :

Petite aide au calcul à l'usage de ceux qui aiment la sardine (avec le pain)

Même si le post se terminait par la phrase « il ne s’agit pas d’une consigne de vote », certains ont réagi en parlant de menace et de consigne de vote pour le candidat pour lequel j’avais pris fait et cause.  

Je me suis donc senti obligé de commettre un second post que j’espérais plus explicatif.

Petite aide au calcul à l'usage de ceux qui aiment la sardine (avec le pain)

J’ai bien sûr eu des gens qui approuvaient (le régime n’a pas beaucoup de supporteurs, malgré ses « 71% »). Mais j’ai également eu des gens qui ont continué à parler de menaces. Avant de m’adresser aux premiers destinataires (ces jeunes qui ont pris une part active à la campagne du RDPC), revenons sur cette notion de menace…

 

Pour qu’il y ait menace, il faut

  • quelqu’un avec une intention malveillante ou nuisible envers autrui si une condition n’est pas remplie
  • la menace (l’effet négatif qu’autrui encourra si la menace est réalisée)
  • Celui qui subira la menace

Pensez-vous que ces éléments existent-ils dans le cas présent ? Si vous êtes médecin et que vous dites à une communauté « J’ai 100 vaccins. Ceux qui choisissent d’aller chez le tradipraticien au lieu de venir à l’hôpital ne seront pas prioritaires par rapport à ceux qui viendront directement à l’hôpital  », êtes-vous en train de les menacer ? Non !

  • Parce qu’il n’y a pas de destinataire de la menace. Vous n’êtes pas redevable d’un vaccin à tout un chacun. De même je n’ai aucun engagement de devoir aider qui que ce soit. Personne ne peut être sûr de recevoir le vaccin, même s’il ne va pas voir le tradipraticien.
  • Parce qu’il ne s’agit pas d’un effet négatif qui est promis, mais d’une conséquence logique. Si le nombre de vaccins est limité, il serait injuste de vous prioriser alors que d’autres sont venus faire la queue à l’hôpital dès le matin.

 

Il ne s’agissait donc pas d’une menace. Ceux qui se retrouvent dans ce cas de figure (avoir voté pour le R et devoir maintenant solliciter autrui pour un problème) sont soit  incohérents, soit ont fait un mauvais calcul. La suite de l’article va les aider à réaliser comment. Cela pourra leur être utile pour les prochaines fois. Elles arrivent… 

Comme Alima, nous savons que la vie « c’est beaucoup de problèmes ». C’est même ça la vie. Mais il est du ressort des gouvernants de contribuer à réduire les problèmes des citoyennes et des citoyens. A ceux qui ont voté RDPC, que celui qui a vu sa situation s'améliorer depuis le 7 Octobre lève la main. Si c'est votre cas, vous avez bien fait de de suivre les flammes : c'était le pari gagnant.

Mais si ce n'est pas le cas (et ce n’est pas une surprise sauf si on était absent les 36 années précédentes), il s'agit d'évaluer si le gain que l’on a eu à s’engager lors de la campagne peut compenser la non résolution des problèmes actuels. Comment évaluer ce gain ?

Petite aide au calcul à l'usage de ceux qui aiment la sardine (avec le pain)

Nous savons que le RDPC a demandé à ses cadres de cotiser pour le financement de la campagne. Les grilles de prix sont même connues. L’article ci-dessous les rappelle.

Pour certains départements, les chiffres sont connus. C’est le cas du Nyong et Mfoumou où ils ont cotisé entre 42 et 50 millions https://agencecamerounpresse.com/politique/presidentielle-2018-42-millions-de-fcfa-collectes-a-akonolinga-pour-la-campagne-de-paul-biya.html. Prenons 50 Millions FCFA. Le Nyong et Mfoumou compte 5 arrondissements https://fr.wikipedia.org/wiki/Nyong-et-Mfoumou, dont le plus important est Akonolinga (47 mille habitants sur 130 mille).  Postulons qu’Akonolinga prenne la plus grosse part de cette collecte. Allons jusqu’à 20 Millions. Imaginons encore que d’autres généreux donateurs s’ajoutent pour avoir 25 millions in fine.

Cela peut sembler beaucoup, mais notons que

- au moins un tiers de cet argent est indu. En effet ceux qui cotisent se sentent obligés de le faire pour conserver leurs avantages (même quand ils sont dans le privé). Ces avantages viennent hélas souvent de la prébende de la chose publique. Cet argent appartient donc appartient au peuple.

- ceux qui doivent gérer ces 25 millions vont prendre leur part. Vous qui me lisez, dans le Cameroun de Paul Biya, dans le parti de Paul Biya, si on donne 25 millions à quelqu’un, combien va-t-il essayer de mettre directement dans sa poche ? Ça peut aller jusqu'au tiers, même en étant conservateur…

- les cadres qui vont être sollicités pour la campagne vont avoir des frais (carburant, ceci, cela. Ce n'est pas là qu'ils se serrent la ceinture. 

- les prestataires vont facturer au prix fort. Parce que dans ces localités éloignées ils sont généralement en position de monopole et surtout parce que ce sont les amis des politiques.

 

Il restera quoi comme liquide pouvant aller aux populations ? Maximum 10 millions. Leur argent. Appliquons même le prorata de corruption (qui dit que le tiers de cet argent est en fait l’argent du peuple). Il reste 6.5 millions. Au grand maximum. C’est ça que notre ami qui fait le calcul entre cette espérance de gain de la campagne et la gestion de ses problèmes après la campagne peut espérer avoir.

 

Mais, il doit se les partager avec tous ceux qui sont comme lui. On a dit qu’Akonolinga c’est 47 mille habitants. Allez, disons qu’il y en aura seulement 5000 qui cèderont aux sirènes de la campagne, mettront les T-Shirts et iront chanter « Ayop ». 6.5 Millions pour 5000 personnes, ça fait 1300 CFA par personne. D’où le pain sardine… 

Ce n’est pas (seulement) parce qu’ils vous méprisent qu’il vous achètent avec du pain sardine, c’est surtout qu’ils ne peuvent pas vous donner plus que ça. Et donc avant même la campagne, sachez-le. Votre gain ne pourra être que ça. Bien sûr qu’il y a quelques communes (allons dans les départements avec pléthore de DG et ministres) qui pourront faire un peu plus. Ici on a même du poisson et du poulet. Mais comptez le nombre de paquets. On ne pourra pas atteindre les 5000 paquets, même si on va dans tous les quartiers de tous les villages de l’arrondissement.

Certains m'ont dit on m'a donné le pagne. Je le porte mais ça ne veut rien dire. Même dans mon propre champ quelqu'un est allé travailler en tenue du RDPC. Fair enough.

Petite aide au calcul à l'usage de ceux qui aiment la sardine (avec le pain)

Mais il y a une différence entre porter ça parce qu'on n'a pas d'habit et qu’on vous a distribué ça et porter ça pour aller à la fête.

Certes on peut se mettre à la place de celui qui n’a rien, et qui ne voit là que la plus petite occasion d’avoir un  petit quelque chose. Celui-là ne m’intègrera même pas dans son calcul (ou ceux qui sont comme moi). Il n’a pas forcément accès à moi. Il ne sait pas quand je viendrai. Mais de même, je n’ai pas accès à lui. Je ne sais donc pas quelle est son implication dans ces choses du R. Si j’ai quand il me demande, certainement il aura.

Mais pour les autres, I stand by what I said: Celui qui n’y avait pas réfléchi devra le faire pour la prochaine fois. Celui qui avait réfléchi et fait un calcul, devra vérifier si son calcul était bon…

 

PS : Et je n’ai pas parlé des arrestations arbitraires de début d’année 2019. Car dans cet article, il ne s’agit pas de ça. Pas encore…

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