Citoyennes, Citoyens,

 Je me présente. Je suis votre député. Le député Tété. Bonaventure Tété. Vous pouvez m’appeler Honorable. Le dénommé Mebene a accepté de m’ouvrir son espace pour que je vous entretienne régulièrement de choses utiles. Sur comment fonctionne notre pays, n’en déplaise aux opposants et autres apprentis sorciers.

Si je suis député, ce n’est pas par hasard. Depuis tout petit, je suis ce qu’il convient d’appeler une personnalité remarquable. Partout où je passe, je brille et je m’élève rapidement au sommet. C’est donc le parti au pouvoir, le R, qui m’a couru après. C’est depuis ce jour qu’on dit que le R est en haut. Je suis remarquable. Vous connaissez l’expression « Muna For Tété » ? C’est moi le Tété dont il est question. Kotto Bass et Ruth Kotto se sont senti obligés d’écrire une chanson pour mes enfants.

Je suis remarquable. Le jeune Tenor également a voulu m’honorer en chantant « Bobo » qui n’est autre que le diminutif de Bonaventure.

Ça ne me dérange pas d’avoir des fans. Ils ont leur part de farotage. Je suis remarquable. Vous aurez l’occasion de vous en rendre compte à travers mes récits. Là je mange les arachides, en regardant la rediffusion de la prestation de serment de mon président, le 06 Novembre dernier. Vous pouvez m’y voir. Pas loin du sénateur qui chantait là. Ça me fait penser à tous ces opposants qui accusent le président d’avoir instauré la corruption au Cameroun. Et pire, d’être lui-même un corrompu de première. A tous ces gens je leur dis

  • Vous me faites rire hein. Il faut un peu respecter votre culture les gars. Vous ne savez pas que nous sommes Bantous ? Et chez nous les Bantous, on dit qu’il ne faut jamais regarder dans la bouche de celui qui décortique les arachides pour le village. Le président infatigablement travaille depuis 57 ans pour ce pays. Combien d’arachides n’at-il décortiquées ? Laissez sa bouche tranquille.

 Voilà ce que je leur dis. Est-ce qu’ils m’entendent alors. Tenez, Mebene, il m’a appelé pour me dire que

  • Quel travail ? Et quand bien même ? Vous avez la manie dans votre parti de tout confondre. Dans le temps, on utilisait ce proverbe parce que la personne qui travaillait le faisait pour le bien de la communauté ET n’était pas rémunérée. C’est pourquoi on les laissait, et c’était normal, manger quelques grains d’arachides. Et jamais ils n’auraient imaginé mangé tous les arachides au détriment de la communauté. C’est inique de vouloir faire une telle comparaison. Votre système ne fait pas comme les bantous. Il ne fait même pas comme les premiers Camerounais. Tonton Bobo, toi et tes amis, président inclus, vous êtes plutôt du genre à faire décortiquer les arachides par un quidam, puis manger tout et reverser moins de 50% à la communauté. Ne parle plus jamais des bantous

J’eus envie de lui dire « Ta tête, imbécile comme ça. Espèce d’abruti ». Mais comme je suis poli je lui ai dit « Aka, tu es jeune. Tu ne connais pas les réalités locales. Tu es dans la diaspora et tu crois que tu sais tout. DiaspoRIEN. C’est sûr que tu es même au chômage. J’ai vu sur Whatsapp que vous êtes tous des Sans-papiers là-bas. Laisse nous avancer vers l’émergence ». Quand il voulait encore parler j’ai raccroché.

Nous qui travaillons avons droit à tout avantage prévu par la législation en vigueur. Quelle législation ? Celle qui nous laisse en liberté après avoir mangé les arachides, allez dire !

Mais attention ! il faut quand même faire attention. N’est-ce pas « la très très haute hiérarchie » m’avait confié une mission délicate il y a deux ans ? Il fallait aller récupérer sa progéniture qui filait un mauvais coton dans une ville étrangère. Il n’avait confiance qu’en moi. J’y suis allé. Et la situation était tellement compliquée qu’il fallait quelqu’un comme moi. Ou à la limite Jack Bauer. J’ai réglé tout ça, et comme je suis un bon bantou, j’ai mangé ma part d’arachide sur la très haute Progéniture. Elle n’a pas dit non. Elle a même dit ouiiii. Quand son très haut Père l’a appris, il a voulu me punir. Mais comme je ne suis pas encore au gouvernement, il ne pouvait pas me limoger. J’ai rasé les murs un moment, mais j’ai pu revenir dans ses petits papiers.

Bon j’arrête là pour aujourd’hui. Je vous reviens…

Les vérités vraies du député Tété: On ne regarde pas dans la bouche de celui qui décortique les arachides...
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