Le pourquoi du Comment ou l'aberration des sabres dans l'armée camerounaise...

Nous avons des usages, des traditions. Et parfois, nous essayons de les respecter. Mais ce n’est que plus rarement, hélas, que nous essayons de comprendre pourquoi (et si) ces traditions doivent-elles être respectées. Les traditions, les usages, les règles c’est le Comment. Leur motivation, c’est le pourquoi. La suite de l’article s’attellera à montrer à travers l’exemple des sabres militaires au Cameroun (et d’autres exemples « institutionnels »), que quand on se concentre sur le comment au détriment du pourquoi, on fait très souvent n’importe quoi…

Je suis tombé sur cette photo où la garde républicaine ( ?) où des hommages sont rendus au chef de l’Etat en faisant une haie d’honneur avec des sabres.

Des sabres me suis-je dit ? Ça sort d’où ? Pourquoi ? Pourquoi des militaires feraient ça ? Pourquoi des militaires Camerounais feraient ça ? Prenons l’armée Française (ou toute autre occidentale). Si elle dispose de sabres (maintenant ou avant), c’est certainement uniquement pour trois raisons possibles

• C’était/C’est l’arme utilisée par les corps (cavalerie notamment). C’est ici la raison militaire
• C’est pour rendre hommage aux glorieux ainés qui ont vaillamment combattu avec cette arme. C’est là la raison historico/symbolique
• C’est produit localement, et donc ça favorise l’emploi national. Voici la raison cynicoéconomique…

Voilà le pourquoi. Il se challenge bien sûr (notamment la troisième raison). Si quelqu’un voit une autre raison possible, je suis preneur. Examinons maintenant l’armée Camerounaise.

• Le sabre ne nous servirait de rien dans un conflit en 2017. Il n’y a pas de raison militaire à en avoir dans les rangs.
• Historiquement, symboliquement, nos ancêtres n’ont jamais combattu avec ce type d’armes.
• Economiquement, ces produits sont bien sûr importés En faisant une recherche sommaire, on trouve des prix aux alentours de 360 € l’unité. Tablons même sur de l’optimisation due aux volumes et à a fabrication en Chine, on arriverait aux alentours de 200€. Cela est tout simplement un nonsens économiquement.

Imaginons qu’en lieu et place du sabre, on choisisse comme symbole des lances ou des flèches, que nos guerriers utilisaient. On obtiendrait alors la configuration suivante

• C’est pour rendre hommage aux glorieux ainés qui ont vaillamment combattu avec cette arme. C’est là la raison historico/symbolique
• C’est produit localement, et donc ça favorise l’emploi national. Des artisans peuvent s’allier pour en produire en qualité. On aurait également un prix moindre, si on cape ce poste de dépense à 30 ou 40 mille (jusqu’à 100 mille d’économie à l’unité). Voici la raison cynicoéconomique…

Un habit d’apparat n’est pas forcément à proscrire. Mais son utilité ici ne peut être que symbolique. Et en termes de symbolique, il faut impérativement prendre des symboles locaux. Ce n’est que cela qui fera sens (le pourquoi). Si on choisit des symboles issus d’autres cultures (et ici celle de l’ex colon), on court le risque d’avoir alors un symbole le fait qui illustre le fait que l’on demeure aliéné.

Mais ne tapons tout de suite sur l’armée. Du moins, pas uniquement. Regardons nos avocats, avec leurs beaux cheveux blancs. Regardons comment on récompense les citoyens méritants, avec leurs médailles de chevalier, de grand ordre, de ceci, et de cela. Bref, Nous ne sommes pas rendus…