Nous retrouvons le professeur Flancé, avec sa classe de première dans un établissement populaire d’une métropole camerounaise. Après, le bac Blanc, le prof remet les résultats de Français… 

 

  • Bille : 16 ! Très bien comme d’habitude. Mpin Ayang : 11. Hein ! 11 ? Comment as-tu fait ? Tu as triché sur qui ?
  • Monsieur je n’ai pas triché. J’ai été inspiré.
  • A d’autres. Ou bien j’avais bu quand je corrigeais ta copie ? C’est impossible que tu aies 11.
  • Monsieur vous buvez pendant le travail ?
  • Tais-toi ! De toute façon, je découvrirai le pot-aux-roses.
  • Vous allez découvrir le poteau rose ? quel poteau, non ?

A ces mots, le professeur comprit, une fois encore, l’état de délabrement linguistique de sa classe. Et ce à un mois du bac. Il entreprit néanmoins, courageusement, de fournir l’explication tant attendue.

  • Ecoutez et voyez ce que signifie l’expression le « pot-aux-roses ».

 «  Vous savez les légendes et traditions de nos tribus. Vous savez la force que celles-ci revêtent pour nous. Ici on dit que si tu entends le corbeau coasser à ta gauche, c’est mauvais présage, ailleurs on dit que si tu vois un chat noir, c’est mauvais signe. Dans la tribu de  Moulenga, la légende disait que si tu tombais face à un poteau rose, c’est qu’assurément tu étais cocu.

Mais Moulenga n’accordait que peu de crédit à ce qu’il considérait comme billevesées d’une autre époque. De plus, qui a déjà vu un poteau rose ? Moulenga avait une belle femme. Et quand on lui disait que « celui qui a une belle femme doit être comme celui qui a son champ au bord de la route », il répondait qu’il ne craint rien, et qu’il assure.

Un jour, alors qu’il se baladait dans une exposition d’art contemporain en plein air, il tomba nez-à-nez avec un poteau rose. Et là toutes ses années de rationalisme s’envolèrent. Il fut assailli par le doute. Ni une, ni deux, il courut vers chez lui. En même temps qu’il courait, il essayait de se raisonner « Mais non, ce n’est pas possible. De toute façon elle est sortie. Elle m’a dit qu’elle rentrait tard le soir ». Plus il se disait cela, plus il accélérait. Arrivé chez lui. Il vit ce qu’il devait voir. Sa femme. Avec un monsieur. Sur le lit. Nus. La légende avait elle dit vrai ? »  

 

  • Voilà ! c’est depuis ce jour là qu’on dit « découvrir le pot-aux-roses » quand quelqu’un découvre un secret, le nœud d’une intrigue, le fin mot d’une histoire. Compris ?
  • Monsieur, votre explication là est alambiquée hein ! Pourquoi on part d’un poteau rose pour aboutir à un pot contenant des roses ?
  •  Parce qu’à côté du poteau, il y avait un pot. Sauf qu’il ne contenait pas des roses mais des tulipes. Et ce sont les médiocres scribes qui ont confondu tulipes et roses d’une part et n’ont pas compris que la légende parlait de poteau qui sont à l’origine de cette méprise. Maintenant remerciez-moi…
  • Merci grand prof, dit la classe en chœur…

 

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