Aujourd'hui (présent)

Akum arrivait devant sa hutte. Après une journée éprouvante dans son champ, il allait pouvoir se reposer. Il enleva son panier et s’assit sur le pas de sa porte. Il vit un petit groupe d’enfants arriver. Son cœur se serra

  • Tonton Akum, on veut aller pêcher. Tu sais où on peut trouver des asticots et des vers de terre ?
  • Foutez-moi le camp, sinon je vais vous battre. Allez !

Les enfants détalèrent en riant. Akum les regarda partir l’air désabusé…

Le moment où tout a basculé (passé)

Mbeng Ngon exultait. Elle se dépêchait d’apprêter la case pour Akum. Le champion de toute la contrée. Son champion à elle. Ah ! Quel flair avait elle eu de le choisir lui, avant le tournoi de lutte. Elle la plus belle des filles de la contrée. Et il avait gagné le tournoi. Un tournoi qu’il n’aurait pas fallu louper. Il fallait le voir, terrasser un à un ses adversaires. Et les uns envoyés valdinguer par delà les limites, et les autres, immobilisés le dos au sol sans comprendre ce qui leur était arrivé. Elle avait admiré ses muscles saillants sous sa peau d’ébène, donner leur pleine mesure. Elle s’était imaginé ce qu’ils donneraient leur de leur première nuit. Des images osées lui venaient en tête. Elle en salivait d’avance. Elle les voyait bien, toutes ces autres filles qui reluquaient Akum, mais elle était confiante qu’après une seule nuit avec elle, jamais il ne penserait plus à une autre.

Là elle l’attendait. Qu’il revienne de ses obligations de vainqueur. Elle avait préparé un repas somptueux. Elle avait aussi apprêté le lit, plaçant des onguents et épices aphrodisiaques aux endroits opportuns : L’homme c’est le ventre et le bas-ventre…

Akum était entré. Elle l’avait pris par la main et conduit devant le repas, en lui caressant les épaules en une promesse évocatrice. L’exercice creusant, il se jeta sur son repas. Elle apprécia son côté carnassier. Elle sortit pour prendre sa douche et finir de se pomponner. Elle en était sur la fin quand elle entendit un cri strident. On eut dit une fillette que l’on battait. Elle prit sa serviette et se précipita. Elle fut la première à arriver sur le pas de la porte, mais déjà, d’autres badauds accouraient. Ce qu’elle vit la laissa sans voix.

Akum était debout sur le lit. Les yeux exorbités. Le doigt pointé vers un corossol qui gisait par terre. Le fruit ouvert en deux, laissait voir sa chair blanche. On pouvait voir des asticots, friands de fruits en putréfaction, s’agiter et sortir du fruit. Akum, en état de choc, les regardait, comme pour s’en protéger, en disant « des toumbou, des toumbou »….

Ce qui s'est passé entre la bascule et aujourd'hui

Tout le monde avait été surpris qu’un si grand gaillard ait peur de si petits animaux. Surpris et choqué. Surtout Mbeng Ngon qui avait décidé sur le champ que l’homme de son rêve ne pouvait pas correspondre à cela. Elle l’avait plaqué sur le champ. Il devint la risée de son village et des alentours. Il compta sur sur sa force pour redorer son prestige, mais à chacun de ses combats, ses adversaires venaient avec des asticots. Ce n’était pas contre le règlement ! Sa phobie le vainquit. Il arrêta les combats, et décida de devenir agriculteur. Fataliste …

 

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