Amies Kiniennes

Amis Kiniens

Bonjour,


      Si je reviens par devers vous en cette semaine inter-fêtes de fin d’années (ça me rappelle moi-même quand j’avais offert une petite culotte à une demoiselle un peu puritaine que je courtisais. Histoire de lui montrer mes goûts. Et pour être  original, j’avais mis un post’It sur la fesse gauche disant « Joyeux Noël » et un autre sur la fesse droite disant « Bonne année ». Comme on ne fait pas de cadeau sans petit mot, j’avais joint une carte disant « Je passerai te faire un bisou entre les deux fêtes ». Elle m’avait giflé et tout le monde avait ri. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris ce qui l’avait énervée, et pourquoi on riait), si je reviens par devers vous disais je, c’est pour vous aider à mieux passer le temps dans la joie et l’allégresse.

 


      Je sais que vous aurez noté mon langage pour le moins châtié dans le précédent paragraphe. C’est pour vous montrer que les gens se dépassent. Je ne suis pas comme vous, je suis à un niveau (largement, pas légèrement) au dessus de vous, moi Max KINI. Comme dirait l’autre, la ceinture au dessus de la classe. Des gens viendront (mebene notamment) vous dire « oui, les gens sont égaux, et ceci, et cela ». Ne les écoutez pas. Soyez réalistes, car comme on dit « Même au cimetière, les cadavres se dépassent » ou comme on dit chez nos amis ivoiriens « les moutons se promènent ensemble, mais ils n’ont pas le même prix ».

 


      Vous l’aurez compris, le proverbe qui nous intéresse aujourd’hui est « Les cinq doigts de la main n’ont pas la même taille ». Car dans la vie, il y a les uns, et puis il y a les autres. Je stoppe là les explications que tout le monde a déjà comprises, et je donne des illustrations.

 


      Figurez-vous que dans ma jeunesse, pendant les vacances au village, j’avais un cousin que l’on appelait Embémbé. Plus fort physiquement que nous tous. Il courait plus vite, il grimpait plus vite, et il nageait plus vite. Surtout cela, il nageait plus vite que nous tous. C’était indiscutable, il nous était supérieur. Pas loin de notre village, à deux kilomètres, « ils » avaient construit un camp de vacances pour enfants fortunés de la capitale. La forêt équatoriale, la nature, les animaux sauvages que l’on pouvait apercevoir, tout cela constituait un cadre idéal pour enfants de parents fortunés. Nous autres au village, nous étions trop pauvres pour y aller. Et les contacts étaient strictement interdits : le camp était entouré de barbelés aux morsures plus féroces que celles d’un chien enragé. Le seul moyen d’y accéder était de nager pendant deux kilomètres le long d’un bras étroit du fleuve. Un jour alors que nous galérions sous le soleil et dans la faim (les adultes étaient aux champs), nous nous demandions comment faire pour trouver autre chose que des goyaves non mures à manger. On séchait quand l’un d’entre nous dit « si seulement on pouvait aussi entrer dans le camp ! Avec tous les enfants qu’il y a, on ne se ferait même pas remarquer ». Le malheureux fut vite ramené au silence. Comment y rentrer ? Il faudrait nager deux kilomètres dans un fleuve en furie. A contre courant. C’est là qu’Embémbé se leva. Il nous tint à peu près ce langage.


-          Écoutez-moi. Je suis votre leader. C’est moi le meilleur nageur. Je vais entrer dans ce camp, je vais y manger bien comme il faut, et je viendrai vous raconter comment c’était.

      Il plongea et disparu sous les flots, puis réapparut et se mit à nager. Les dix premiers mètres ne furent pas les plus difficiles. Mais ils furent très difficiles. Il avançait péniblement à contre-courant. Il mit 30 mn à atteindre le virage qui se trouvait à 200 mètres de nous, puis il disparut. Il ne réapparut que le lendemain matin, les vêtements mouillés et l’air encore plus affamé que la veille. Il nous narra par le menu son aventure. Il avait nagé pendant trois heures, puis brusquement, le lit du fleuve s’élargit, et il dut franchir une espèce de grillage fluvial pour arriver de l’autre côté : ils avaient fabriqué une piscine artificielle pour les enfants, et le grillage était censé les retenir. Il accosta et se dirigea tant bien que mal (la fatigue) vers un groupe d’une trentaine d’enfants en maillots de bain. Avec eux, une monitrice qui leur dit


-          Qui n’a pas encore mangé ?

-          Moi, moi madame, moi je n’ai pas encore mangé. Rugit Embémbé.

-          Très bien mon petit, tu vas pouvoir aller nager. Les autres vous allez d’abord digérer.

       

Il essaya bien de refuser, mais elle le força à aller dans l’eau. C’était important pour la santé, et puis c’était dans le planning des activités, et s’il n’était pas content, il n’avait qu’à aller se plaindre au Pape, etc.       L’eau c’est la vie, mais quand il y en a trop, il y en a trop. Ses forces l’abandonnèrent, et il se laissa dériver. Il ne vit même pas qu’il franchissait le barrage, et il ne vit pas qu’il dépassait le point de notre village d’où il nous avait quittés. Il se réveilla le lendemain, échoué sur le rivage à deux kilomètres du village, mais dans la direction opposée au camp. C’était aussi cela être au dessus des autres. S’il n’avait pas su nager, il aurait mangé le bon manioc avec le Kpwem quand les adultes sont rentrés du champ.

 


      A propos d’adulte, toujours à la même époque, il y en avait un qui s’appelait Minguili. Quand il allait se laver au fleuve, même quand il n’était entouré que de garçons, il gardait toujours sa culotte. On a vite découvert que c’est parce qu’il avait un appendice ridicule. Il aurait fallu un microscope pour le deviner. On le charriât donc en disant « Minguili, les cinq doigts de la main n’ont pas la même tille hein, à condition même d’en avoir, des doigts, ah ah ah ». Nous étions méchants. La première honte bue, il trouva rapidement une parade qui faisait rire tout le monde. Il disait

-          Figurez vous qu’avant, j’avais un sexe gigantesque, il faisait 52 cm. Je vous dépassais tous, mais ça me gênait un peu quand même. Je cherchais donc à réduire. Je suis allé voir une mami Wata dont on m’avait dit qu’elle réduisait les choses en disant « non ». je lui ai demandé « Tu veux m’épouser » elle a répondu « Non ». Victoire, Mon sexe est passé à 42 cm. C’était encore trop. Je suis reparti, même question, même réponse : « Non ». Je suis passé à 32 cm. Mais c’était encore trop. Je suis donc reparti : « Tu es sure que tu ne veux pas m’épouser ». Et là elle s’est fâchée « Non, Non et non, merde à la fin !  fous-moi la paix ».

 

      Même dans le mensonge il y a des maitres…

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